Lors de sa conférence de presse du 9 juillet dernier ainsi qu'à l'occasion de plusieurs interviews dans les médias, Frédérique Vidal, ministre de l'enseignement supérieur, de la recherche et de l'innovation a dévoilé les intentions du gouvernement pour la rentrée 2021 et a fait plusieurs annonces.
Les annonces de la ministre concernant la rentrée universitaire 2021 suscitent plusieurs réactions de la part du Sgen-CFDT.
Le 100% présentiel :
Le Sgen-CFDT partage l’objectif d’un retour en présentiel des étudiants et donc des agents pour la rentrée 2021. Il avait cependant alerté la ministre sur la nécessité de prévoir un scénario de repli en fonction de la situation sanitaire pour ne pas être pris au dépourvu. Nous sommes rassurés par les propos récents de la ministre. Elle s’est montrée claire en rappelant qu’il était indispensable » (de) prévoir un plan B ». Les établissements, autonomes, sont donc chargés d’élaborer ce plan. Ils doivent le mettre en œuvre en tenant compte des directives gouvernementales et ministérielles.
Le Sgen-CFDT rappelle la nécessité d’associer très amont et également dans la mise en œuvre les représentants des agents. Ils ont par leurs contacts réguliers avec l’ensemble des personnels et des étudiants une connaissance fine des besoins, attentes, freins et leviers d’une mise en œuvre des plans sanitaires. Ils ont aussi tiré les leçons des plans précédents, des difficultés de mise en œuvre de mesures pertinentes sur le papier mais irréalisables sur le terrain.
Le Sgen-CFDT salue le déblocage de 35 millions d’euros pour 2021 et de 100 millions supplémentaires pour financer les coûts de l’enseignement hybride. La question de la formation de tous les agents reste cependant cruciale pour le Sgen-CFDT. L’apprentissage « sur le tas » lors des premiers confinements ne peut pas se substituer à des plans de formation réfléchis, construits, expérimentés. Le retour sur expérience, les échanges de pratiques sont indispensables. Enfin, le Sgen-CFDT rappelle la nécessité de recruter dans les services qui gèrent les systèmes d’information. Ces agents ont été très sollicités depuis le début de la crise sanitaire. Beaucoup sont épuisés, d’aucuns envisagent de quitter les universités pour aller dans le secteur privé. Les emplois y sont certes mieux rémunérés mais surtout les conditions de travail y sont meilleures.
Sur le volet immobilier et la rénovation thermique :
Le Sgen-CFDT avait salué les 7,8 milliards d’euros du plan de relance consacrés à l’ESRI. Les besoins sont énormes. Ils avaient été évalués à 10 milliards d’euros lors de la mandature précédente. L’effort est donc réel après des années d’attentisme.
Le Sgen-CFDT avait alerté la ministre sur l’importance que les projets retenus prennent bien en compte les nouvelles réalités en terme de bâti révélées par la crise pandémique :
- ouverture des fenêtres possibles pour faciliter le renouvellement de l’air
- systèmes de filtration performants de l’air là où cela est pertinent
- sanitaires en nombre suffisants et facilement accessibles pour les agents et les étudiants pour permettre un lavage régulier des mains … etc.
Mais cela suppose aussi d’entretenir régulièrement les locaux et les matériels. Cela nécessitera donc la présence de personnels d’entretien donc de financements réguliers.
Globalement, le Sgen-CFDT salue les différentes mesures annoncées par la ministre et celles déjà mises en œuvre. Nous espérons que nos points d’alerte seront pris en compte. Nous continuerons de les porter partout où cela est possible. Le Sgen-CFDT rappelle aussi la responsabilité des présidents d’université. Les universités sont autonomes et donc nombre de mesures, dispositions, réponses dépendent d’elles. Très largement, les équipes présidentielles ont été aux côtés des agents et ont œuvré pour trouver, pour tous et pour chacun, les réponses les plus appropriées. Cela doit aussi être salué dans un contexte très difficile. Mais il reste encore ici où là des marges de progrès. En particulier sur la réalité du dialogue social. La crise devrait au contraire inciter à associer au mieux les représentants des agents dans la construction des réponses à apporter. Cela n’a pas toujours et pas partout été le cas, souvent au détriment des agents et d’une bonne gestion de la crise.
Enfin pour conclure :
Pour le Sgen-CFDT, la question des taux d’encadrement reste fondamentale, plus que celle de l’investissement par étudiant qui mériterait d’être mieux définie.
Le Sgen-CFDT avait, avec La Fage, rédigée une tribune publiée dans l’Étudiant le 29 janvier 2018. Nous demandions un traitement à égale dignité entre les étudiants de CPGE et ceux des universités, car tous les jeunes ont droit à la même considération.
Cela passe par une amélioration nette des taux d’encadrement dans les universités. Cela permettra de faire réussir plus de jeunes, en proposant un accompagnement plus individualisé. Mais cela permettra aussi d’améliorer les conditions de travail des agents épuisés par la crise et par la hausse constante des effectifs étudiants ces dernières années.
Le retard est important et même la fin de la hausse démographique prévue pour 2025 ne suffira pas à combler un retard accumulé par des décennies de sous investissement.
Le sous encadrement concerne tous les personnels des universités : enseignants, enseignants chercheurs, personnels des bibliothèques, des services sociaux et de santé, d’orientation et d’aide à l’insertion professionnelle, ingénieurs pédagogiques, informaticiens, administratifs …etc.
L’amélioration des taux d’encadrement dans les universités sera le chantier prioritaire du Sgen-CFDT pour les mois à venir. Il portera ce sujet auprès des candidats à la présidentielle et attend des réponses précises et chiffrées des candidats.
Le Sgen-CFDT, avec la CFDT, le rappelle régulièrement :
l’enseignement supérieur n’est pas une dépense
mais un investissement !