Au CSAMESR du 13 février 2025, la CFDT Éducation Formation Recherche Publiques a fait intégrer à l'ordre du jour une question sur le souhait des étudiant.es d'obtenir le repas à 1 € pour toutes et tous !
Une proposition de loi a été adoptée en première lecture à l’Assemblée Nationale concernant le repas à 1€ pour l’ensemble des étudiant.es.
Compte tenu des difficultés d’accueil actuelles dans l’ensemble des structures de restauration CROUS et des moyens humains non adaptés, les personnels des CROUS sont très inquiets pour leurs conditions de travail, déjà fragilisées par la mise en œuvre insuffisamment accompagnée des repas à 1€ pour les boursiers.
Pour la CFDT Éducation Formation Recherche Publiques, les personnels des CROUS ne pourront pas assumer cette nouvelle charge de travail sans que le dispositif d’emploi national soit réévalué, avec un apport de masse salariale supplémentaire, absolument nécessaire, et sans que soient ouvertes des capacités d’accueil supplémentaires dans les restaurants universitaires.
Le parcours législatif de ce texte n’est pas achevé, mais, s’il devait entrer en vigueur sans cet indispensable accompagnement, son effet sur les conditions de travail des agentes et agents des CROUS serait désastreux.
Comment le ministère et le réseau des œuvres se préparent-t-il à l’éventualité d’une adoption définitive de cette proposition de loi ?
Un audit très parlant qui justifie les inquiétudes
Au regard des grandes difficultés qu’ils rencontrent dans les structures de restauration depuis l’après COVID et la hausse de la fréquentation avec le repas à 1€, les personnels des Crous s’inquiètent. La CFDT a déjà interpellé à plusieurs reprises la Présidente du CNOUS sur ce point.
Suite à cela, un audit flash sur la QVCT avait été conduit par un cabinet de conseil RH spécialisé entre mai et juillet 2024 à la demande du CNOUS dans 5 CROUS.
Cet audit a permis de visiter des établissements et de rencontrer des agent.es pour bien comprendre les spécificités et les difficultés rencontrées par les équipes. Les retours de cet audit présentés lors d’une F3SCT au CNOUS confirment la présence de risques psychosociaux (RPS) dans les CROUS. Tout le monde est conscient des difficultés et la direction du CNOUS la première. Mais qu’attend-on pour prendre des mesures ?
Quelques facteurs de RPS prégnants ressortent de cet audit :
- Une intensification du travail qui engendre des comportements de protection sous la forme d’agressivité, de colère ou de repli.
- Une fatigue physique et une usure mentale.
- Un stress permanent.
- Un recours intensif aux arrêts maladies. Des absences non remplacées et donc un transfert des tâches sur les agents présents.
- Une dégradation du dialogue entre les agents et leurs chefs de service.
- Le sentiment que les + 110 ETP obtenus pour l’année 2024 ont été mal répartis et insuffisants. 49 % de ces 110 ETP ont été retenus pour la restauration. Cela correspond à 56 créations d’agents de restauration pour 961 points de vente ! RU et cafétérias confondus ont vu 30 à 35 % de passages supplémentaires.
- Exigence émotionnelle et ressenti d’une insatisfaction des usagers.
- Conflit de valeur et sentiment d’inefficacité, quand les agents n’ont plus le temps de faire leur travail correctement.
Le bilan de cet audit sur la QVCT explique clairement les raisons de la fragilité des équipes et de leurs inquiétudes pour l’avenir.
Des moyens logistiques et humains, un préalable pour le repas à 1€
Des infrastructures inadaptées pour une nouvelle montée en charge
L’un des premiers freins à la mise en place du menu à 1 € pour tous les étudiants réside dans l’absence de locaux adaptés. Les cuisines des restaurants universitaires ne sont pas dimensionnées pour répondre à une demande aussi importante.
Le matériel de cuisine n’arrive plus à suivre les cadences infernales de nos productions. Pour exemple, dans un RU de 4 îlots et un service administratif à assurer, en 30 mn, on passe de 80 à 120 passages par îlot.
Les espaces de stockage des denrées alimentaires sont souvent insuffisants. Face à une augmentation du volume de repas à produire, ces limites logistiques compliquent la gestion des stocks et l’organisation du travail des équipes en cuisine.
Ensuite, dans de nombreux établissements, le manque de places assises limite la capacité des RU à servir plus de repas. Il en résulte des files d’attentes interminables et une dégradation des conditions de restauration pour les étudiant.es comme pour les agent.es.
Un dispositif d’emploi inadapté
Pour faire face à cette surcharge de travail, il est nécessaire de recruter des personnels, mais, sans finances supplémentaires, les CROUS sont dans l’incapacité d’effectuer ces recrutements. Effectivement, la fragilité des équilibres budgétaires ne leur permet pas d’augmenter leur masse salariale. Chaque année, nous observons une sous-consommation des ETPT alors que le manque de personnels est criant !
La Présidente du CNOUS indique à juste titre qu’il n’est pas entendable de demander une valorisation du dispositif d’emplois quand les CROUS ne consomment pas leur propre dispositif. Les derniers chiffres connus issus du RSU 2023 montrent une consommation de 12498 ETPT sur 12724 ETPT sous plafond (- 226 ETPT).
Et c’est bien cela qui entraine une dégradation importante des conditions de travail avec une intensification du travail sans précédent. Les agents doivent accomplir de plus en plus de travail en moins de temps. Pour plus de rentabilité, les CROUS ont décidé de maintenir les agents sur plus de semaines dans l’année, ce qui amène une réduction considérable des heures hebdomadaires et journalières des agents. Pour plus de tâches on diminue les horaires ! Les agents sont épuisés, devant accomplir leur charge de travail sur un temps écourté !
La demande des étudiant.e.s pour la généralisation du repas à 1 euros est légitime en cette période de crise mais les personnels ne pourront pas faire face à cette mesure si les moyens logistiques et humains ne suivent pas. En l’état, il sera impératif de prioriser les prestations.
Pour la CFDT Éducation Formation Recherche Publiques, il est plus que temps d’entendre les demandes légitimes des agentes et agents des Crous et de mettre en œuvre les mesures nécessaires pour améliorer leurs conditions de travail et leur qualité de vie au travail.
Réponse du Ministère
La proposition de loi sur le repas à 1€ n’est pas le souhait du gouvernement qui a émis un avis défavorable sur cette proposition. Le gouvernement reste attaché à une progressivité de la contribution des étudiants au système de restauration dont l’équilibre tient aussi à ce que les étudiants les plus favorisés contribuent un peu plus et permettent d’asseoir le modèle social des œuvres. Cependant, pour le ministère, si cette proposition de loi est amenée à être votée définitivement, il est évident que les CROUS bénéficieraient de structures et le renforcement de personnels nécessaires pour assurer un service de qualité.
La CFDT prend acte !
Le DGRH rappelle qu’à la suite des conclusions de l’audit flash sur la QVCT dans les CROUS, le CNOUS a décidé de faire sur ces questions la priorité RH pour 2025.