Mardi 29 mars, se tenait au ministère une nouvelle réunion de l’instance partenariale nationale de concertation sur la gestion du risque Covid-19 en milieu scolaire, mise en place après la grève du 13 janvier pour dialoguer avec les organisations syndicales représentatives.
Depuis la mi-janvier, au sein de cette instance, le professeur Chauvin, président du HCSP (Haut Conseil de la Santé Publique saisi par le gouvernement pour les avis sur les questions sanitaires), le ministère de la Santé et la secrétaire générale du MENJS présentent aux organisations syndicales la situation épidémique et font le point sur les mesures prises.
Reprise épidémique
Le ministère de la Santé a ouvert la réunion en indiquant que nous étions en situation de reprise épidémique, sans conséquences actuellement sur les hospitalisations (les sorties compensent les entrées). Pour la semaine du 22 au 29 mars, le taux de reproduction du virus est repassé au-dessus de 1 et s’établit à 1,29 (1 cas COVID contamine 1,29 personne) et le taux d’incidence a très fortement augmenté : + 42,9 % (1289 cas pour 100 000 habitants).
Le Sgen-CFDT a rappelé les mises en garde du ministère de la Santé sur l’évolution épidémique au sein de cette même instance en février et s’est étonné que les mesures d’allègement aient été aussi massives et générales alors que la reprise épidémique pointait… Sans doute rien à voir avec le calendrier électoral…
Pour préparer cette instance, la délégation du Sgen-CFDT a sollicité, synthétisé et présenté les problématiques issues des remontées de terrain de ses syndicats et des militant.es du réseau « santé et conditions de travail » qui ont mis en avant :
La situation dans les écoles et établissements :
- Le relâchement de la hiérarchie, selon les territoires, suite à l’allégement des mesures entrées en vigueur le 14 mars : absence de réunion d’instance partenariale académique, suppression des cellules COVID académiques, retour à des préoccupations purement pédagogiques de certains IEN alors que le fonctionnement des écoles reste gravement perturbé, …
- Une sous-estimation des perturbations des écoles et établissements par les autorités académiques et le ministère, car les chiffres réels ne sont plus remontés… des militants et des mandatés du Sgen signalent les décalages entre les chiffres annoncés par les autorités et les situations réelles sur le terrain.
- Concernant les capteurs de CO2, les situations peuvent être très différentes d’une académie à l’autre, certains territoires ont vu les communes investir majoritairement dans cet équipement (le Nord), d’autres restent à la traîne (dans les Hautes-Alpes avec 17 communes sur 85). Le ministère a indiqué qu’il poursuivait sa politique d’incitation auprès des collectivités.
Les collègues épuisés et mis en difficulté par :
- l’aggravation de la situation sanitaire et des problèmes d’absence et de remplacement à cause d’autres pathologies : grippes, gastro entérite, angines,… qui sont en pleine expansion après avoir été contenues par les mesures sanitaires.
- les problèmes importants de remplacement, notamment dans le 1er degré, qui épuisent les collègues en présentiel et perturbent gravement le fonctionnement des classes. Bizarrement, nos collègues des syndicats majoritaires du 1er degré n’ont pas soulevé cette question…
- la fatigue et l’épuisement professionnel des directrices et directeurs, des chef.fe.s d’établissement, mais aussi des collègues en présentiel… Arrêts maladie, « craquages », congés longs sont signalés dans toutes les académies.
- la levée de l’obligation de port du masque pour les contacts à risque : les collègues font part de leur incompréhension face à la levée de cette obligation totalement contradictoire avec les préconisations sanitaires. Nous avons cité l’exemple d’un collège de 350 élèves où 275 contacts à risques ont été déclarés en 5 jours à la mi-mars.
Lors de cette réunion, le Dr Lazarus, du ministère des Solidarités et de la santé, a effectivement rappelé la nécessité de porter le masque pour les contacts à risque.
Pour le Sgen-CFDT, cette absence d’obligation est totalement incompréhensible, notamment dans les zones en forte reprise épidémique.
Cela met de nombreux chef.fe.s d’établissement, directrices et directeurs en porte à faux vis-à-vis des parents, des élèves et parfois de leurs propres collègues.
Pour le ministère, c’est « circulez, y’a rien à voir »
Mais malgré ces constats et remontées du Sgen, souvent partagées par d’autres organisations syndicales, les représentants du ministère sont restés de marbre.
- Les problèmes de remplacement dans le 1er degré ? Ce n’est pas nouveau et cela n’a pas de lien avec le COVID.
- Les absences des enseignants ? Ce n’est pas forcément lié à l’épidémie, seulement 2500 cas d’absences liées au COVID recensés.
- Une explosion des contaminations dans les écoles et établissements ? Le terme n’est pas approprié, le ministère n’a rien constaté de tel.
- La non-obligation du port du masque pour les contacts à risque malgré la reprise épidémique ? Les élèves et les familles sont maintenant suffisamment informés pour être responsables et décider eux-mêmes de le porter.
Le Ministère a précisé que les agents continueraient à bénéficier d’autotests jusqu’aux vacances de printemps.
Quelles perspectives ?
Pour le Sgen-CFDT, la surdité d’un ministère qui paraît « hors sol » face à la reprise épidémique est réellement préoccupante. La prise en compte des difficultés des établissements et des collègues pour accomplir quotidiennement leur mission de service public ne devrait pas dépendre du calendrier électoral.
La fédération a adressé un courrier au ministre de l’Éducation nationale rappelant ses inquiétudes face à la situation et lui demandant des mesures à la hauteur des difficultés rencontrées actuellement par les personnels dans l’exercice de leurs missions.
En fin de réunion, le ministère nous annonce un nouveau rendez-vous de l’instance début mai, ou plus tôt si la situation épidémique se dégrade ….
Que disait la chanson de Madame la Marquise ?.. Ah oui : tout va très bien…