Lettre ouverte à Emmanuel Macron, en date du 15 novembre 2019.
Monsieur le Président de la République,
La CFDT dénonce depuis plusieurs années le système de retraites actuel, à la fois injuste et illisible. Elle s’est engagée, au travers du Pacte du Pouvoir de Vivre pour l’émancipation, la solidarité de tous les travailleurs. La CFDT est partie prenante des négociations en cours pour un système de retraite plus juste et plus lisible. La construction d’un nouveau système de retraite se poursuit et s’accompagne de concertations sectorielles pour préparer les compensations pertinentes et adaptées à différentes réalités professionnelles.
Le Sgen-CFDT, en cohérence avec les propositions et revendications de la CFDT, est pleinement engagé dans les discussions avec les ministères de l’Éducation nationale, et de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation. Notre objectif est que la réforme des retraites soit juste et acceptable pour tous les agents que nous représentons. De telles concertations doivent aussi concerner les personnels de la Jeunesse et des Sports, et les personnels de l’enseignement agricole public.
Vous l’avez annoncé à plusieurs reprises depuis le mois d’avril 2019, il faut construire les compensations en termes de rémunération et de carrière pour une partie des agents publics. Vous avez cité en particulier les enseignants. Tous les personnels de l’Enseignement supérieur et de la recherche, de l’Éducation nationale, de l’enseignement agricole public, de la Jeunesse, et des Sports ayant peu de primes à intégrer au calcul de leurs droits à pension de retraite doivent être concernés par ces concertations afin que la future réforme ne les pénalise pas.
Dans le cadre des premières discussions sectorielles, le ministre de l’Éducation Nationale vient de prendre par écrit l’engagement d’inscrire dans le projet de loi créant le système universel le principe d’une revalorisation salariale permettant de garantir le même niveau de retraite pour les enseignants que pour les corps équivalents de la fonction publique. Pour nous, cela signifie qu’un article du projet de loi portera cet engagement. Nous saluons ce qui est une première étape. Elle doit maintenant être suivie d’une concrétisation budgétaire rapide de votre part y compris de manière pluri-annuelle. Par ailleurs des engagements comparables à l’égard des autres personnels de nos ministères doivent être pris. Au delà des perspectives de rémunération, les personnels attendent également des droits nouveaux, en particulier en termes d’aménagement de fin de carrière.
Une incertitude prolongée sur ces éléments, l’absence de mesures pour les crédibiliser, ne peuvent que nuire à la confiance des agents comme à la sérénité du dialogue social. A terme, c’est toute la nation qui bénéficiera de ces revalorisations car elles contribueront à améliorer l’attractivité des métiers de l’enseignement et de la recherche.
Tant que tous ces éléments ne sont pas clairement établis, la réforme des retraites ne pourra pas être mise en œuvre. Nous considérerions cela comme un échec. Un échec car notre pays aurait alors échoué à reconnaître enfin tout au long de leur carrière ces agents publics. Un échec parce que cela signifierait que l’injustice subie aujourd’hui par les polypensionné.e.s ne serait toujours pas corrigée. Un échec parce que le système actuel pénalise fortement les femmes alors que parmi les propositions de la CFDT et du rapport Delevoye, des dispositions permettraient de réduire les écarts femmes-hommes. Un échec car tout cela pourrait contribuer à dégrader l’attractivité des carrières publiques dans l’enseignement, la recherche. Un échec parce que les droits nouveaux que nous revendiquons à l’occasion de cette réforme ne pourraient pas se déployer.
Dans l’attente de votre réponse, nous restons à votre disposition pour vous rencontrer et nous vous prions d’agréer, Monsieur le Président de la République, l’expression de notre haute considération.