La scolarisation d'élèves ukrainiens s'est très vite imposée après l'agression russe en février 2022. Tiziana Jacopini, enseignante en Upe2A et coordonatrice Casnav, témoigne des actions mises en place dans l'académie de Nice.
La scolarisation d’élèves ukrainiens a dû s’opérer rapidement. Un exemple d’opérations menées dans l’académie de Nice permet de rappeler le cadre de l’inclusion des élèves allophones nouvellement arrivés.
À l’origine professeure de lettres modernes,
est devenue enseignante en unités pédagogiques pour élèves allophones arrivants (Upe2A) dans les académies de Créteil, puis de Nice. Elle est actuellement coordonatrice au Centre académique pour la scolarisation des élèves allophones nouvellement arrivés et des enfants issus de familles itinérantes et de voyageurs (Casnav) des Alpes-Maritimes.Quels sont les principes du dispositif d’inclusion des élèves allophones ?
En 2012, le gouvernement publie une circulaire qui va profondément bouleverser les habitudes et comportements des équipes pédagogiques des « classes d’accueil ». Le cadre est défini dans son titre (« Organisation de la scolarité des élèves allophones nouvellement arrivés ») et quatre principes sont énoncés :
• L’inclusion des élèves en classe ordinaire comme finalité.
• La priorité donnée à l’apprentissage du français enseigné, langue de scolarisation.
• L’accompagnement de l’élève au-delà d’une première année de fréquentation de l’Upe2A.
• La nécessaire implication de l’ensemble de l’équipe pédagogique.
Elle souligne la notion de dispositif qui remplace celle de classe.
Quelles conséquences pour l’organisation scolaire ? scolarisation d’élèves ukrainiens
Les arrivées se font à tout moment de l’année, d’où la grande hétérogénéité du public
L’organisation de la scolarité repose en grande partie sur les épaules du professeur d’Upe2A : création des emplois du temps de chaque élève, décision d’inclusion et choix des matières d’inclusion, orientation, suivi psychosocial (cantine ; lien avec les assistantes sociales, associations, familles, foyers…).
Les arrivées se font à tout moment de l’année, d’où la grande hétérogénéité du public avec un mélange de niveaux et de classes d’âge, et des élèves parfois pas ou peu scolarisés antérieurement.
Que s’est-il passé dans le département des Alpes-Maritimes ?
À Nice et à Cannes, il y a une communauté ukrainienne, plutôt discrète. Les deux villes ont immédiatement mis en place d’importants dispositifs d’accueil. Tout a été fait pour rendre plus fluide et efficace le parcours citoyen et de santé.
Dès mars 2022, au moment où le conflit explosait en Ukraine, le maire de Cannes est parti avec un des premiers convois humanitaires.
Tout a été fait pour rendre plus fluide et efficace le parcours citoyen et de santé.
Au niveau du logement, il y a eu un véritable élan de solidarité – par exemple, des logements de fonction vides ont été mis à disposition des déplacés ukrainiens. Nice a logé une troupe ukrainienne de 24 jeunes qui avaient participé au Carnaval. De notre côté, nous avons découvert que l’association Francophonia avait un partenariat avec l’Ukraine pour former des professeurs de français langue étrangère (FLE). scolarisation d’élèves ukrainiens
Et les élèves ? scolarisation d’élèves ukrainiens
Au total, nous avons accueilli et scolarisé 1 182 élèves, de la maternelle au lycée.
L’académie de Nice a été exemplaire. Du mois de mars au mois d’avril, quatorze structures temporaires n’accueillant que des Ukrainiens ont été créées pour gérer les flux des élèves dans le second degré. Ceux-ci, forts en maths et souvent anglophones, avaient globalement un bon niveau.
Quel enseignement tirez-vous de tout cela ?
Il faut apprendre à réagir face à une situation de crise. Savoir toujours garder un temps pour l’écoute de l’autre et chercher à comprendre quelle est la priorité. C’est un apprentissage de la rigueur et de la méthode.• Propos recueillis par Xavier Boutrelle
Cet entretien a paru dans le no 286 – Juillet-août-septembre 2022 de Profession Éducation, le magazine du Sgen-CFDT.