Revue de presse.
Nouvelles mesures pour l’enseignement professionnel : qu’en pensent les syndicats enseignants ?
Pour le Sgen-CFDT, les journées d’intégration ou autre semaine de préparation au stage, qui existent déjà dans nombre de LP, ont le « mérite d’être généralisées » mais la possibilité pour un jeune de changer d’orientation jusqu’aux vacances de Toussaint, « bien que bienveillante risque de se limiter aux seules formations ayant des places vacantes et générer des déplacements d’élèves difficiles à gérer pour les établissements ». Le Sgen-CFDT, soutient plutôt le principe d’une seconde moins professionnalisante, avec le report des certifications sur les classes de 1ère pro et terminales. Le syndicat défend le modèle d’un « lycée polyvalent modulaire avec une entrée progressive dans les enseignements professionnels ».
Pour le syndicat, l’effort suggéré de conserver dans leur académie les professeurs titularisés peut se comprendre mais « risque de se heurter aux réalités du mouvement ou aux contraintes légales et risque de créer des inégalités de traitement ». Le Sgen-CFDT préférerait l’octroi de bonifications majorées aux lauréats de recrutements réservés.
10 février
Carte scolaire : des points de blocage subsistent
Sur le fond, «des points de blocage subsistent sur les fermetures de classes à Lourdes et à Bagnères», note Gilles Verdier, du Sgen-CFDT.
Par ailleurs, dans le cadre du dispositif «Plus de maîtres que de classes», le syndicat demande l’ouverture d’un poste entier à l’école Jean-Macé de Tarbes au lieu d’un demi-poste, qui «répond à un besoin de soutien scolaire de nombreux enfants en difficulté». Cependant, «nous sommes satisfaits de certaines avancées obtenues auprès du directeur académique des services de l’Éducation nationale (Dasen), comme, par exemple, le retrait d’une proposition de fermeture à l’école Victor-Hugo à Tarbes. Nous ne pouvons pas voter contre une carte scolaire qui, dans sa globalité, ne retire pas de poste au département (NDLR : un protocole prévoit qu’aucun poste ne sera supprimé sur les Hautes-Pyrénées jusqu’en 2017)», souligne Gilles Verdier.
9 février
Financement de la recherche : « Nous avons opéré un glissement vers l’aval » (Bernard Pouliquen, région Bretagne)
« La recherche ne fait pas partie des compétences de la région, mais nous l’accompagnons. Depuis la mise en place des S3 (stratégies de spécialisation intelligente), ce n’est plus ‘open bar’ et nous avons opéré un glissement vers l’aval. Des reproches nous sont souvent faits au nom de la recherche fondamentale, mais nous sommes placés dans cette situation par l’UE, le CGI et les logiques d’applications », déclare Bernard Pouliquen, vice-président de la région Bretagne pour l’enseignement supérieur et la recherche, le 4 février 2016. « C’est une évolution récente mais directement liée à la situation économique », ajoute-t-il, s’exprimant lors d’une table ronde sur le financement de la recherche aux « journées ESR » du Sgen-CFDT. Les intervenants abordent par ailleurs la question des stratégies – aux échelons européen, national et régional –, leur impact sur la recherche et les effets du PIA.
« La raison sociale des régions c’est l’emploi : nous cherchons de la création de valeur et de l’emploi », déclare Bernard Pouliquen, le 4 février 2015, lors d’une table ronde sur le financement de la recherche lors des « journées enseignement supérieur et recherche » du Sgen-CFDT. « Nous avons engagé une stratégie ESR dès 2012, notre schéma régional a été adopté en octobre 2013 et à l’aide du PIA, nous avons défini une offre de formation correspondant à une demande économique. Concernant la recherche, nous sommes partis de la S3 (stratégie de spécialisation intelligente) qui nous a permis de faire des choix – on ne peut pas être bons partout. »
LES CHERCHEURS SONT « CONFRONTÉS À TROP DE STRATÉGIES »
« Nous avons adossé des moyens financiers aux laboratoires d’excellence afin d’engager les acteurs vers des évolutions », cite-t-il à titre d’exemple : « Les fonds structurels sont embarqués par notre S3 et nos programmes opérationnels y sont dédiés aussi. » « Je ne sais pas ce que cela va donner, mais c’est intéressant, cela va nous faire évoluer », estime le conseiller régional, qui trouve également « intéressante » la labellisation d’excellence mise en place par la Commission européenne . Cette labellisation permet de distinguer des projets « de qualité » que le programme Horizon 2020 n’est pas en mesure de financer, mais qui pourraient prétendre à d’autres sources de financement avec le soutien des régions.
Par ailleurs, soulignant que certains appels de l’UE, de l’ANR et du CGI « se marchent parfois un peu sur les pieds », il estime qu’il serait « parfois plus intéressant de voir comment aller à l’UE ». « La recherche ne fait pas partie des compétences de la région, mais nous l’accompagnons », rappelle-t-il. « Depuis la mise en place des S3, ce n’est plus ‘open bar’ et nous avons opéré un glissement vers l’aval. Des reproches nous sont souvent faits au nom de la recherche fondamentale, mais nous sommes placés dans cette situation par l’UE, le CGI et les logiques d’applications. »
« Dans les établissements, les chercheurs sont confrontés à trop de stratégies – européenne, nationale, régionale », confirme Pierre Mutzenhardt, président de l’université de Lorraine et de la commission de la recherche et de l’innovation de la CPU. Or, « l’Union européenne a changé ses modes de fonctionnement parce que la question centrale est devenue l’emploi et la dynamique économique ». Pour lui, « il y a de moins en moins de mécanismes par lesquels les chercheurs peuvent exprimer leurs idées : avec la crise, il y a une raréfaction des moyens dits blancs. » « L’ANR était un bon système au départ mais ses moyens se sont appauvris. En Allemagne, la DFG est pilotée à la fois par l’État et par les acteurs de la recherche. »
« DÉCIDÉ PAR L’ÉTAT, LE PIA S’IMPOSE À L’ÉTAT LUI-MÊME »
« Nous avons la responsabilité de créer un écosystème autour des sites universitaires, nous manquons de dynamique, de start-up », estime encore Pierre Mutzenhardt qui rappelle la « nécessité de dialoguer avec les grands groupes ». Et, soulignant « une autre question centrale » – « comment aller plus vite pour transférer les recherches dans la société » –, il évoque les Satt : « Je trouve ça bien. Mais on peine à voir le modèle économique derrière. Je comprends l’inquiétude du CNRS. » Enfin, à propos de l’entrepreneuriat étudiant, il se réjouit de ce « changement de mentalité » : « Avant, former des ingénieurs, c’était former des cadres de l’industrie. Chaque étudiant ne va pas monter une entreprise mais il aura une idée sur le montage de projet. »
« Le PIA a traversé l’alternance, c’est peut-être le dernier sujet de fond qui transcende un certain nombre de clivages. Il couvre la recherche, de la plus fondamentale à la plus appliquée », expose de son côté Jean-Pierre Korolitski, directeur du programme « centres d’excellence » au Commissariat général à l’investissement. « L’État investit et attend un retour sur investissement qui doit être apprécié », rappelle-t-il.
« Le PIA ne s’occupe pas de tout. Il essaie de se projeter à moyen terme et d’identifier un certain nombre de segments d’actions sur lesquels il faut agir pour obtenir des résultats : il s’agit de faire évoluer notre système pour l’adapter à la compétition scientifique et universitaire mondiale », via « une politique de soutien à l’excellence ». « Décidé par l’État, le PIA s’impose à l’État lui-même au-delà des circonstances immédiates », souligne encore Jean-Pierre Korolitski.
Etablissements scolaires en brèves : les portiques, Mayotte, les rythmes scolaires, les lycées pro, les SEGPA, le poids des religions
PROFESSIONNEL. Le SGEN-CFDT salue des « bonnes intentions » de la ministre de l’Education nationale qui a semblé « redécouvrir le lycée professionnel » à l’occasion du 30ème anniversaire du « bac pro ». Il approuve l’annonce de la création de 500 formations nouvelles et de 1 000 postes en lycée professionnel, la généralisation des journées d’intégrations « ou autre semaine de préparation au stage ». Mais il craint que « la possibilité pour un jeune, de changer d’orientation jusqu’aux vacances de Toussaint, bien que bienveillante » ne soit limitée « aux seules formations ayant des places vacantes » et il rappelle son projet de « lycée polyvalent modulaire avec une entrée progressive dans les enseignements professionnels ».
7 février
Carte scolaire : 40 fermetures pour 7 ouvertures
Sgen-CFDT. « Malgré une baisse de 500 élèves, le département bénéficie de deux postes de plus. Pour autant, il y a des fermetures de classes. Le Nord-Cotentin est largement touché, en particulier Cherbourg. Les postes libérés par les fermetures de classes ne sont pas repris par le Ministère, ils sont utilisés par le Dasen pour ouvrir des postes spécifiques et faire des réajustements d’ouvertures de classes à la rentrée. Mais c’est la première fois que la carte scolaire arrive si tôt dans l’année, les inscriptions ne sont pas commencées dans les mairies. On est loin de la copie définitive. Nous souhaitons que le Dasen fasse des réajustements dès juin, et ne pas attendre septembre. »
Droits de l’enfant en brèves : leur Défenseur, Calais, l’accompagnement des enfants handicapés
Pour sa part, le SGEN-CFDT considère que « l’essentiel reste à faire » en matière d’intégration des enfants handicapés : « le constat est rude » et « les difficultés de mise en œuvre nombreuses ». Le SGEN demande « une augmentation du nombre de places d’accueil », « une prise en charge par des équipes pluriprofessionnelles complètes », « des personnels AESH formés, reconnus et recrutés de manière pérenne », « une formation des personnels (…) à la personnalisation des apprentissages », « du temps explicitement dégagé pour coordonner les interventions des divers professionnels (…) ».
6 février
Les projets de fermetures et d’ouvertures de classe
«Entre le protocole qui garantit au département qu’il ne rendra pas de poste budgétaire jusqu’en 2017 et la difficulté politique pour les collectivités de réorganiser le tissu scolaire, c’est une carte scolaire atypique et compliquée», nous confie Gilles Verdier, du Sgen-CFDT. Projet de fermeture d’une classe : à l’école primaire de Caixon, à l’école maternelle d’Arreau, à l’école maternelle de Lau-Balagnas ; à Lourdes, à l’école élémentaire Honoré-Auzon, à l’école maternelle Lapacca ; à Aureilhan, à l’école maternelle Marcel-Pagnol, à l’école élémentaire Joliot-Curie, à l’école élémentaire Victor-Hugo à Tarbes et à l’école primaire de Bénac.
Projet de regroupements pédagogiques intercommunaux : transfert d’un poste de l’école d’Aspin à l’école voisine d’Ossen, création d’un regroupement pédagogique intercommunal Saint-Lary/Vielle-Aure avec, à Saint-Lary, ouverture d’une classe maternelle et fermeture d’une classe élémentaire et à Vielle-Aure, ouverture d’une classe élémentaire et fermeture d’une classe maternelle, fusion de deux regroupements pédagogiques intercommunaux Beaucens-Villelongue et Ayros-Arbouix-Boô-Silhen-Vier-Bordes, fermeture d’un poste de directeur à Tarasteix et création d’un RPI à Siarrouy, création d’un RPI Madiran/Castelnau-Rivière-Basse pour lequel le Sgen-CFDT «a soulevé le problème du RPI concentré sur Madiran avec 4 communes du Béarn qui sont à l’opposé de Castelnau-Rivière-Basse».
5 février
Manche : imbroglio financier pour l’école privée
« Participation obligatoire. » La formulation faite dans un courrier par la préfecture de la Manche a fait bondir le syndicat d’enseignants Sgen-CFDT.
« En laissant penser qu’une participation financière est obligatoire pour tous les enfants du privé qui y ont déjà un frère ou une soeur, la préfecture va au-delà de la loi », s’insurgeait Patrick Lainé (Sgen-CFDT). À son tour, il a adressé un courrier aux collectivités. « Ces sommes sont indûment réclamées. »
« À moins d’1 milliard d’euros de plus, les établissements fonctionneront avec plus de difficultés » (Sgen-CFDT)
« Nous étions assez d’accord entre l’ensemble des organisations syndicales pour dire qu’à moins d’un milliard d’euros de budget supplémentaire dès 2016, les établissements fonctionneraient avec plus de difficultés qu’aujourd’hui » , commente Franck Loureiro, secrétaire national du Sgen-CFDT, en clôture de deux journées d’échanges organisées par le syndicat. Au-delà de l’annonce sur les taux de réussite des projets ANR, « il y a aussi la question de l’accueil des étudiants, avec plus de 500 000 nouveaux à l’horizon 2020, et à raison de 10 000 euros pour un étudiant. Ce qui représente donc 5 Md€ de plus à trouver. Il y a également des problèmes du côté de l’immobilier universitaire […]. Sans compter le coût par an de la non-compensation par l’État du GVT estimé à 40 millions d’euros « , ajoute Frédéric Sève, secrétaire général du syndicat.
« Même si nous nous réjouissons de l’annonce de François Hollande, [jeudi 4 février 2016], de faire évoluer le taux de réussite des projets ANR de 8 % à 14 % dès 2016, nous pensons qu’il y a bien d’autres voies aussi pour assurer le financement pérenne de la montée en charge de l’enseignement supérieur et de la recherche », commente Laurent Berger, secrétaire général de la CFDT, en clôture de deux journées d’échanges organisées par le Sgen-CFDT .
« Au-delà de ce dossier, il y a aussi la question de l’accueil des étudiants, avec plus de 500 000 nouveaux à l’horizon 2020, et à raison de 10 000 euros pour un étudiant. Ce qui représente donc 5 Md€ de plus à trouver. Il y a également des problèmes du côté de l’immobilier universitaire, ‘une bombe à retardement’, avec des travaux qui ne sont pas provisionnés dans les budgets des établissements. Sans compter le coût par an de la non-compensation par l’État du GVT estimé à 40 millions d’euros », ajoute Frédéric Sève, secrétaire général du Sgen-CFDT. Ainsi, « nous étions assez d’accord entre l’ensemble des organisations syndicales pour dire qu’à moins d’1 milliard d’euros de budget supplémentaire dès 2016, les établissements fonctionneraient avec plus de difficultés qu’aujourd’hui », commente Franck Loureiro, secrétaire national du Sgen-CFDT.
PAS D’IMPULSION POLITIQUE NI FINANCIÈRE
« Notre secteur est un secteur sur lequel il existe une vraie base de consensus sur ce qu’il faut faire. Le rapport de la Stranes a d’ailleurs posé des bases qui n’ont presque pas fait débat, qui certes n’étaient pas très clivantes, mais les idées, les objectifs, les défis de ce rapport sont globalement acceptés », note ensuite Frédéric Sève. D’après lui, ce rapport pourrait rassembler et susciter une certaine appétence collective, dans un domaine qui a énormément évolué ces dernières années, avec des lois successives depuis au moins 10 ans.
« Le problème, c’est que nous avons l’impression que la société et les décideurs politiques n’en ont pas vraiment conscience. Nous avons un secteur qui est prêt à donner ce qu’il peut donner à la société mais qui est en incapacité de le faire, faute d’impulsion politique et financière. On se met donc dans une contradiction politique majeure où nous suscitons des attentes sans pouvoir y répondre, faute d’engagements et d’investissements, voire de pari sur l’avenir », continue-t-il.
Par ailleurs, d’après Frédéric Sève, il manque aussi une impulsion de gouvernance collective, avec des acteurs très divers qui doivent apprendre à travailler ensemble. « Et c’est aussi là le rôle de notre organisation syndicale, en essayant de faire le lien, de provoquer une mobilisation collective entre ces acteurs. »
4 Février
« Thierry Mandon a un tropisme ‘simplification’ qui me paraît un peu dangereux » (Dominique Gillot au colloque du Sgen)
« Thierry Mandon a un tropisme ‘simplification’ qui me paraît un peu dangereux », déclare Dominique Gillot, sénatrice PS du Val d’Oise, à l’occasion d’une table ronde organisée par le Sgen-CFDT sur « le bilan et l’impact de la loi du 22 juillet 2013 : regards politiques ». « Les solutions les plus simples ne sont pas forcément les plus adéquates. Il me paraît important de ne pas tout rebousculer maintenant, à peine trois ans après la loi ESR, alors que les choses commencent à bouger, que les gens commencent à travailler ensemble », estime Dominique Gillot, qui a été rapporteure de la loi ESR au Sénat . Elle débattait avec Jean-Richard Cytermann, principal rédacteur de la loi, aujourd’hui chef du service de l’IGAENR, et Brigitte Pradin, secrétaire fédérale du Sgen-CFDT au moment des discussions sur la loi.
« La ‘concertation simplification ESR’ lancée par Thierry Mandon est un bon moyen pour tous les détracteurs de la loi de 2013 de demander un recul sur certains points », estime Brigitte Pradin, aujourd’hui directrice de l’Institut national universitaire Champollion, mais qui était secrétaire fédérale du Sgen-CFDT au moment des discussions sur la loi ESR de 2013. « Nous craignons par exemple que le vote direct au CA des Comue disparaisse au nom de la simplification. Pourtant, ce mode d’élection est essentiel si l’on veut que les personnels et les étudiants s’approprient les regroupements auxquels appartiennent leurs établissements. » Elle rejoint sur ce point l’inquiétude exprimée par Dominique Gillot.
La sénatrice rappelle en outre que la loi prévoit « un suivi régulier », à travers notamment un certain nombre de « rapports à paraître », que la représentation nationale attend toujours. Elle revient notamment sur l’épisode chaotique de la suppression de la procédure de qualification du CNU (Conseil national des universités) adoptée sur amendement par le Sénat, avant d’être rétablie par un autre amendement : « Nous avions demandé un rapport sur le CNU… », lance-t-elle à l’adresse de Jean-Richard Cytermann. Lequel lui répond que « le rapport a bien été fait »… mais n’a jamais été rendu public. Elle interpelle également les présidents d’université qui doivent présenter un bilan social en conseil d’administration chaque année.
LA COTUTELLE MENACÉE PAR L’ATTITUDE PROTECTIONNISTE DES AUTRES MINISTÈRES
Dominique Gillot s’inquiète enfin de l’avenir de l’une des mesures phare de la loi, à savoir la cotutelle du MESR sur tous les établissements d’enseignement supérieur. « Je suis obligée en tant que parlementaire d’être extrêmement vigilante pour que cette cotutelle ne soit pas détricotée par d’autres textes. » Elle cite l’exemple du projet de loi relatif à la liberté de la création, à l’architecture et au patrimoine, en discussion au Sénat la semaine prochaine : « Le ministère de la Culture tente de revenir clairement sur l’esprit de la cotutelle », estime-t-elle. Elle est rejointe sur ce constat par Brigitte Pradin qui évoque la « tendance protectionniste des autres ministères », citant l’exemple du ministère de l’Agriculture ayant créé l’IAVFF (Institut agronomique vétérinaire et forestier de France), structure fédérant l’ensemble des forces de l’ESR agricole. Jean-Richard Cytermann cite, lui, l’exemple de Saclay où « la coordination par le MENESR est clairement mise à mal ». « Certains points phares de la loi comme la cotutelle ou la coordination territoriale ne vaudront que par la manière dont ils seront appliqués », déclare-t-il.
Son principal regret, en tant que coordonnateur, à l’époque, du travail de préparation de la loi et des décrets d’application – Jean-Richard Cytermann était directeur adjoint du cabinet de Geneviève Fioraso – est de « ne pas avoir fait plus de place à l’expérimentation et à l’innovation dans la loi ». Il regrette que l’on « survalorise les questions de structure et de gouvernance alors que l’essentiel n’est pas forcément là ».
REGRETS DU SGEN-CFDT SUR LE CONSEIL ACADÉMIQUE ET LES COMUE
L’un des regrets de Brigitte Pradin (Sgen-CFDT) concerne la création du conseil académique dans les universités, qui, à ses yeux n’est qu’un « ersatz ». « Il y a eu de très fortes résistances et au final, nous considérons que l’on n’a pas beaucoup avancé. Seules les CFVU et CR ont acquis quelques compétences décisionnelles. Mais le mode d’élection par commissions est très handicapant », estime-t-elle. « D’ailleurs, j’observe qu’aucun EPCSCP autre que les universités n’a choisi, alors qu’il en a la possibilité, de mettre en place un conseil académique…. »
Elle pointe également les « situations chaotiques » des regroupements en Île-de-France, qui n’ont pas fait l’objet d’un « traitement spécifique » comme l’avait demandé le Sgen-CFDT et n’ont été réglées que par « rapports de force et d’influences ». Elle redoute également « de voir les écoles se regrouper entre elles en marge des Comue au lieu de créer des lieux de coopération diversifiés en leur sein ». Elle regrette que « le ministère n’ait pas piloté sur les compétences et missions des Comue » et qu’il tente « d’influer via les contrats quinquennaux » alors qu’il n’a « pratiquement aucun moyen ». « Le problème avec une loi permettant tous les ‘possibles’, c’est que le temps de stabilisation est très long ».
Jean-Richard Cytermann répond que « la diversité des ‘possibles’ a été voulue et est assumée », mais il reconnaît que « le ministère n’a peut-être pas accompagné les acteurs autant qu’il aurait fallu » : « Il n’aurait pas dû accepter les projets de regroupements qui n’étaient pas viables », admet-il.