Le projet présenté, s'il tient compte de certaines de nos remarques reste totalement inadapté par rapport aux enjeux concernant la jeunesse.
Le jeudi 15 juin, le projet du gouvernement concernant le SNU (Service National Universel) est présenté aux organisations syndicales avant d’être annoncé à la presse. Il est porté par Pap N’Diaye, ministre de l’éducation nationale et Sarah El Haïry, secrétaire d’Etat à la Jeunesse.
C’est une énième version d’une marotte présidentielle qui ne correspond en rien au projet que le Sgen-CFDT porte pour la jeunesse. Même si l’on peut constater que avons été écouté sur quelques aspects, on voit bien que nous ne sommes pas entendus.
Le principe du SNU
Le SNU vise à renforcer la culture de l’engagement dans une logique d’émancipation et de cohésion sociale et pour permettre aux jeunes de s’engager pour faire face à la transition écologique.
Le nouveau projet présenté aujourd’hui s’articule autour de 4 principes :
- Il est ouvert à tous, y compris les jeunes étrangers
- Il est fondé sur la base du volontariat
- Il est articulé à ce qui se fait dans le cadre scolaire
- Le séjour SNU a une plus forte coloration transition écologique
Ce nouveau projet ne remplace pas le principe du volontariat individuel avec séjour de cohésion pendant les vacances scolaires qui demeure donc. Il s’agit de valoriser toutes le formes d’engagement.
Il est adossé au système scolaire puisqu’une partie du dispositif est porté par les établissements volontaires ; ceux qui le voudront auront à remplir un appel à projet pour cet automne, avec comme objectif que les premiers séjours aient lieu début 2024. Ces Séjours devront durer 12 jours et idéalement emmener tous les élèves d’une même classe. (Thématiques :transition écologique, mémoire, défense, sports).
SNU et Pacte enseignant
La coordination du dispositif avec le champ scolaire sera porté par un enseignant rémunéré via le pacte. L’appel à projets sera lancé dans les jours qui viennent mais pas de réponse attendue avant l’automne. Au cours du séjour de cohésion, un socle commun imposé avec des activités en lien avec la défense, la mémoire, les crises et les premiers secours, et une partie ajustée selon le projet de la classe.
La coordination reposera sur un.e professeur.e rémunéré.e via le pacte. Les séjours seront accueillis dans des centres pérennisés avec des encadrants recrutés pour un temps longs et formés. L’évaluation et le suivi du SNU sera fait avec les organisations syndicales. Les jeunes choisissent librement leur forme d’engagement post SNU
Ce que le Sgen-CFDT défend et porte
Il y a bien eu des consultations, depuis avant janvier 2023 d’ailleurs, avec à chaque fois ou presque de nouveaux projets dont aucun ne nous convenait. Les projets ont donc évolué, et nous notons des modifications qui tiennent compte de certaines remarques. C’est le cas sur l’intégration des jeunes étrangers.
Mais pour le Sgen-CFDT, que ce soit dans une lecture éducation nationale ou dans une lecture jeunesse et sports, nous restons opposés au SNU, et à toute perspective de généralisation, voire d’obligation (et nous avons bien noté qu’il reste finalement sur la base du volontariat).
Nous considérons que le budget que selon le gouvernement la nation est prête à consentir pour le SNU serait mieux employé pour développer des politiques jeunesses plus ambitieuses et pertinentes, pour renforcer le système éducatif.
Nous sommes en désaccord avec le projet de SNU sur temps scolaire. Que signifie le volontariat dans ce cadre ? Volontariat de qui, exprimé comment ? Comment sont pris en charge les élèves qui ne partiront pas ?
La contradiction est majeure avec d’autres dimensions de la politique éducative menée (crispation sur la moindre heure de cours perdue et 12 jours de séjour de cohésion scolaire alors que depuis longtemps maintenant plus aucun voyage scolaire construit par une équipe pédagogique ne peut attendre une telle durée).
Le recours à une part fonctionnelle pour rémunérer la coordination d’une classe engagement revient une fois de plus à individualiser ce qui est collectif (la coordination) et à tout passer par du travail en plus sans jamais se poser la question du temps de travail global des personnels et sa soutenabilité.
Nous demandons l’abandon de ce projet, dans l’immédiat un moratoire, les personnels en EPLE auront bien d’autres choses à faire maintenant et à l’automne plutôt que de répondre à l’appel à projets SNU – classe engagement.
Si les objectifs affichés paraissent louables, d’autres politiques éducatives et de jeunesse permettraient plus efficacement de les atteindre.
Le Conseil d’Orientation des politiques de Jeunesse (COJ) avait fait des propositions qui sont balayées d’un revers de la main par le gouvernement depuis des mois.
Une fois de plus rien n’est dit sur l’impact sur les personnels jeunesse et sports. Avec une modalité de SNU ça n’allait pas, désormais il y en aura deux. Le SNU phagocyte les autres missions en matière de politique de jeunesse.
Il est question de projet, de volontariat, d’engagement. Mais rien n’est fait par ailleurs pour améliorer les conditions de déploiement de la démocratie lycéenne. Récemment encore dans une circulaire de rentrée, le ministère a préféré enlever tout simplement un passage sur les projets élaborés par les élèves, notamment en matière de transition écologique et de rôle des éco-délégués plutôt que d’ajouter la mention que les établissements doivent chercher à s’assurer que des projets pourront être réalisés.
Limiter la reconnaissance de l’engagement à la mention dans Parcoursup, surtout si c’est pour restreindre ou survaloriser le seul SNU, cela ne peut nous satisfaire.
Enfin, le gouvernement a présenté un plan interministériel de lutte contre le racisme et les discriminations qui repose aussi sur des mesures sur temps scolaire. Comment les choses s’articulent-elles ?
Au final, on juxtapose des dispositifs mais rien ne fait plus sens.