Le Ministère de la Ville, de la Jeunesse et des Sports vient de publier un rapport évaluant les PEdT, dispositif territorial incontournable de la Réforme des Rythmes Scolaires. Après ces constats, pour le Sgen-CFDT, il faut aller plus loin et organiser notamment la complémentarité des acteurs.
Dans une période où la Réforme des Rythmes Scolaires est remise en question par certains, le Sgen-CFDT vient de rédiger une lettre ouverte à notre nouveau Président, rappelant ses positions. La sortie du rapport évaluant la mise en place des PEdT est donc plutôt la bienvenue. Le rapport est sans concession. Il évoque tant les réussites que les échecs et marges de progression possibles. Au delà de ces constats, le rapport pointe que les communes se sont emparées de la question du temps éducatif grâce à cette réforme. Auparavant, ce sujet était souvent absent, notamment dans les communes de moins de 1000 habitants. Ce rapport est donc une première étape importante pour l’évaluation du dispositif. Il permet d’envisager la pérennisation de la Réforme. La question des rythmes scolaires a déjà fait l’objet de nombreux écrits ; pour le Sgen-CFDT, il faut maintenant aller plus loin.
Une complémentarité des acteurs nécessaire !
Le Projet Éducatif de Territoire (PEdT) formalise une démarche permettant aux communes ou aux intercommunalités de proposer à chaque enfant un parcours éducatif cohérent et de qualité. Ce Projet tient compte de tous les temps et s’étend avant, pendant et après l’école. Il organise, dans le respect des compétences de chacun, la complémentarité des temps éducatifs. Il y a donc bien une mission éducative au sein de chaque PEdT et pas uniquement une dimension financière. Le problème est que de nombreuses communes ne se sont arrêtées qu’aux aspects économique et financier de la Réforme des Rythmes.
En réalité, il s’agit d’un investissement pour l’avenir. Dès lors comment mobiliser des équipes pour travailler ensemble ?
L’évaluation de la mise en place des PEdT montre qu’il faut organiser la concertation dans les territoires pour construire un rythme respectueux pour l’enfant.
Pour le Sgen-CFDT, l’enjeu majeur des prochains PEdT doit être la complémentarité. Cela permettra la construction de véritables parcours de l’élève. Ce parcours devra être respectueux du rythme de l’enfant. Car, comme le rapport le souligne, beaucoup de communes ont densifié leur offre éducative sur les Temps d’Activité Périscolaire (TAP) au point de ne pas laisser les enfants se reposer. Dès lors, une fatigue plus importante se fait sentir, notamment sur le temps de classe quand les TAP sont organisés sur la pause méridienne.
Cela demande donc la collaboration de tous les acteurs pour, sur le temps scolaire, adapter les emplois du temps notamment. Quant aux temps péri-scolaires, laisser aux enfants la possibilité de s’ennuyer, de lire un livre dans la bibliothèque ou de jouer au ballon doivent être des activités à part entière. Le rapport incite à passer d’une démarche quantitative de mise en place des TAP à une offre qualitative et variée respectant l’enfant et son rythme.
Du temps pour collaborer et expérimenter !
Si dans de nombreux territoires la volonté de construire est là, les animateurs et les enseignants manquent de temps de concertation. Ce ne sont pas les temps de rentrée scolaire ou les courts messages transmis lors des temps de transition qui permettent de construire des projets cohérents. Il est nécessaire pour le Sgen-CFDT d’instituer des temps de concertation entre animateurs et enseignants en leur laissant l’autonomie nécessaire pour les organiser.
Il convient d’autre part de laisser les équipes expérimenter car « on apprend en marchant ». C’est en effet en agissant ensemble que les équipes pédagogiques et éducatives apprendront à travailler cette complémentarité. Elle doit trouver sa place non seulement dans la gestion du temps mais aussi sur le lien incontournable entre pédagogie et éducation. Dès lors, des interactions doivent être pensées, écrites lors de la conception des PEdT et du projet d’école. La mise en oeuvre en sera ainsi facilitée et ce sera une garantie pour le faire ensemble. Pourquoi ainsi ne pas laisser l’autonomie nécessaire aux équipes pédagogiques et éducatives pour organiser des formations communes ensemble ?
Des acteurs qui doivent être tous concertés et concernés !
Comme le rapport le souligne, la mise en place des PEdT a permis au territoire de s’emparer des questions éducatives. C’était une dimension nouvelle pour de nombreuses mairies qui laissaient volontiers ce champ à l’Éducation nationale. Dès lors, c’est toute l’organisation du territoire qui s’est vu modifiée. Pourtant, si sur certaines communes, la mise en place a été chaotique, c’est avant tout parce que tous les acteurs n’ont pu participer à la construction des projets eux-mêmes. La concertation préalable, quand elle a existé, a souvent été confisquée par les DASEN et les Maires à des seules fins de gestion financière.
Cette erreur ne doit pas se reproduire. Pour le Sgen-CFDT, tous les acteurs de terrain doivent être entendus, associés. Dès lors, comme le rapport le reprend, installer une instance représentative dans chaque territoire pour organiser la réflexion apparaît inéluctable. Elle doit être le reflet de la communauté éducative et capable d’évaluer les projets mis en place.
Pour le Sgen-CFDT, c’est une raison de plus pour vouloir mettre en place un statut pour l’école, un statut d’établissement du premier degré. C’est en effet la garantie d’une réflexion, d’un suivi au plus près des besoins des enfants dans le respect des spécificités de chacun. Ainsi, Mairie, Éducation nationale confieront une certaine autonomie à cet établissement. Dans un désir de réussite collective, les acteurs seront mieux impliqués dans un projet qu’ils auront élaboré collectivement.
Une évaluation des PEdT qui doit être complétée !
Si cette évaluation est une première étape, le Sgen-CFDT est dans l’attente de l’évaluation de la DEPP. Cette évaluation qui regardera différents aspects du temps scolaires : les pratiques enseignantes sur le temps scolaire, les résultats scolaires des élèves, leur absentéisme selon les organisations des temps choisies est attendue pour la fin 2017.
Cependant, pour le Sgen-CFDT, les nouveaux rythmes scolaires demandent du temps pour en mesurer les effets. Il convient donc d’être patient. Une remise en cause hâtive à des seules fins politiciennes serait donc un très mauvais signal envoyé.