Pourquoi le remplacement de courte durée (RCD), priorité du Président, risque de limiter les sorties et voyages scolaires ?
Après ces premières semaines de septembre, certains effets du Pacte se font jour. Un des effets indirects (on pourrait parler de « dommage collatéral ») concerne l’organisation de voyages et sorties scolaires dans le second degré.
Chantage inacceptable : Sorties scolaires versus remplacement
« Comment ça il y aurait des parts fonctionnelles pour l’organisation de sorties ? ». En effet, non ! En revanche, la pression très forte du ministère pour qu’il n’y ait plus de « classes sans profs » s’est traduite ces dernières semaines par l’apparition de ce que certains ont ressenti comme du chantage pur et simple. Désormais, dans certains établissements, le discours est simpliste : pour qu’une sortie soit autorisée, les heures « perdues en raison de l’absence » des accompagnateurs et accompagnatrices doivent être remplacées.
Que cela se fasse dans le cadre d’échanges oraux entre personnels de direction et enseignants, ou que cela apparaisse noir sur blanc dans des projets de protocoles de RCD, c’est une nouveauté. Les remontées de terrain sur ce sujet sont nombreuses. Et, cette nouveauté, beaucoup de collègues la vivent mal.
Nous le pressentions dès que le dispositif a été présenté par le ministère. Le «Pacte», les parts fonctionnelles d’ISOE, allaient avoir un impact sur le travail.
Communication institutionnelle insupportable
Les enseignants sont-ils donc indifférents au sort des élèves qui perdent des heures de cours ? Certainement pas et d’ailleurs, commençons par rappeler la responsabilité de l’employeur avant de stigmatiser les personnels : lire l’article sur le temps de travail des enseignants.
Une des remarques légitimes qui revient le plus souvent est celle de la mesquinerie apparente d’une telle demande. On ne comptabilise pas les heures faites bénévolement, par exemple lors de l’accompagnement des sorties scolaires. Par contre, il faudrait absolument que l’heure libérée pour un enseignant soit « comblée » en le remettant devant d’autres élèves. Peu importe que ces élèves soient ceux de l’enseignant ou pas !
Personne n’est dupe ! Pour le ministère, l’intérêt premier n’est pas le « plus pédagogique » pour les élèves. Il s’agit plutôt d’afficher, dans une communication grand-public, que la promesse de « pas de classe sans prof » est tenue. Dans le même temps, il publie une circulaire qui explique l’importance des sorties scolaires. Que comprendre alors ?!
On peut aussi retourner la question de l’intérêt des élèves : quel sera-t-il quand, en raison de telles demandes, il n’y aura plus de sorties autorisées, voire organisées ?
Difficultés à organiser des sorties scolaires, que faire ?
Au Sgen-CFDT, nous n’avons pas pour habitude de dire aux collègues ce qu’ils ou elles doivent faire. L’émancipation, c’est aussi cela : chacun sait quelle est la meilleure décision. Nous sommes des professionnels de l’éducation. Cette décision prend en compte les élèves, elle prend aussi en compte nos droits et elle doit aussi pouvoir prendre en compte ce que nous sommes en mesure de vouloir ou pouvoir faire à tel ou tel moment d’une année scolaire.
Ces derniers temps, en effet, il arrive fréquemment que les situations se crispent. Nous ne pouvons que le déplorer. Mais parfois la confrontation est nécessaire. Abandonner, au moins temporairement, des projets pourtant utiles aux élèves est une manière d’établir un rapport de force, ceci en vue de pouvoir faire évoluer la situation à plus ou moins moyen terme.
Au Sgen-CFDT, nous prônons aussi et avant tout un dialogue social de qualité. Le lieu de travail est le premier échelon de ce dialogue. Il doit donc être possible de mener des échanges respectueux et apaisés, dans lesquels chaque agent se sente autorisé à avancer ses arguments.
Ce dialogue doit pouvoir être possible de manière individuelle, mais aussi dans les instances de l’établissement, notamment en conseil pédagogique.
N’hésitez pas à porter cela collectivement et à faire appel à vos représentants Sgen-CFDT.