Quatrième volet de nos articles consacrés aux systèmes éducatifs en Europe : le lycée en Suède. Comment est pensé l'enseignement et le lien nécessaire avec le supérieur ? Comment sont réparties les disciplines ? Quelles sont les filières proposées ?
En Suède, comme en France, la scolarité obligatoire se termine à 16 ans.
Gymnasiet : un lycée pour tous
A l’issue de l’école obligatoire, l’élève suédois·e peut entrer au lycée, le gymnasiet. Les filières proposées visent à éviter qu’un fossé se creuse entre les filières générales et les filières professionnelles. Dès lors, les élèves de ces deux filières sont intégré·es dans le même établissement et ainsi amené·es à suivre des cours communs dans certaines disciplines.
Pas d’examen final mais un contrôle continu
Le système suédois, à la différence de celui que nous connaissons en France, n’est pas centré sur la préparation d’un examen final (le baccalauréat) à la fin du gymnasiet. Il n’y a en effet aucun examen final. Les lycéen·nes obtiennent un diplôme sur la base du travail effectué les deux dernières années de scolarité. Si les notes d’un·e lycéen·ne sont insuffisantes pour l’obtention du diplôme, l’élève peut améliorer ses résultats en complétant sa formation et en repassant l’évaluation dans la ou les disciplines concernées.
Des modules d’apprentissage au choix de l’élève
Dès son entrée au Lycée, chaque élève peut choisir parmi 18 séries ou orientations telles que : sciences sociales, langues et littérature, hôtellerie, série technique… Chaque série possède ses propres spécialisations comme : santé et bien-être, langage des signes, astronomie, théâtre, histoire des religions, entreprenariat ou médecine.
Les diverses séries proposées au lycée peuvent donc préparer aux études supérieures, aux métiers, ou bien être un mélange des deux.
Chaque série comprend systématiquement quatre composantes :
- 8 matières fondamentales (anglais, arts, sports et santé, mathématiques, sciences, sciences civiques, suédois, théologie) ;
- des disciplines spécifiques au programme choisi ;
- un travail personnel ;
- des stages professionnels pour les programmes qui préparent à un métier.
L’oral fait partie intégrante du parcours de l’élève
La place de l’oral dans le travail des lycéen·nes est très importante. Les élèves doivent en effet être capable de soutenir un argumentaire dans toutes les disciplines. La formation en langues vivantes est ainsi particulièrement significative. Si l’aspect grammatical de la langue est très accessoire, un·e lycéen·ne suédois·e doit être capable de lire un livre ou de suivre des films en version originale. Dès lors, les jeunes suédois·es sont capables de s’exprimer et de comprendre l’anglais couramment sans vraiment avoir une pratique approfondie de la langue vivante à l’écrit.
Une évaluation formative
L’évaluation est basée sur un système de lettres (A, B, C, D, E, F) sur lequel repose a sélection à l’entrée en université. L’effet pervers est que cela crée une inégalité entre élèves à l’entrée à l’université, celles et ceux qui ont obtenu A étant plus facilement retenu·es. Après avoir lu sa copie évaluée, un·e lycéen·ne ne la conserve jamais, elle entre dans son dossier scolaire.
Une fois par an au moins, l’élève bénéficie d’un rendez-vous individuel en tête à tête avec chaque enseignant·e pour échanger sur ses progrès, ses notes et parler de son avenir professionnel. Il s’agit avant tout pour l’enseignant·e d’aider l’élève à garder une bonne estime de soi. Les élèves sont incités à penser par eux-mêmes, développer leur sens critique et avant tout faire preuve d’autonomie. Les cours reposent ainsi sur un système de crédits cumulables sur les 3 années du Lycée.
Un projet de fin d’étude
En dernière année, les lycéen·nes sont tenu·es de préparer un projet. Cela ne se limite pas à une présentation orale, il leur est demandé de mettre en œuvre leur projet. Il peut concerner : la participation à une aide humanitaire à l’étranger, l’écriture d’un livre, la réalisation de sondages, l’organisation d’un événement… A l’issue de sa mise en oeuvre, il rédige un mémoire et assure une présentation orale face à un·e professeur·e. Ce projet oblige notamment chaque lycéen·ne à gérer un budget, prendre des rendez-vous et effectuer des recherches donc, à s’ouvrir sur le monde qui l’entoure.
La vie lycéenne fait partie intégrante du parcours du lycéen
La vie lycéenne est elle aussi très importante dans le parcours. Le lycéen, la lycéenne est considéré·e comme un·e adulte et choisit sa filière en fonction des différentes disciplines qui l’intéressent. Son objectif est d’obtenir la validation du nombre de crédits nécessaires en fonction des modules de formation proposés. Les lycéen·nes sont d’autre part encouragé·es à participer à des activités au sein des différents clubs de leur lycée et peuvent même en créer un. De nombreuses manifestations sont proposées, notamment des rencontres avec le lycée rival auquel, même le chef d’établissement participe.
Autonomie, confiance, solidarité : trois valeurs au cœur du système
L’autonomie de l’élève est au centre du système éducatif suédois. Il s’agit en effet de permettre à l’élève de développer sa personnalité et la confiance en ses capacités. A ce titre, l’échec est quasiment inexistant même si la sélection se fait à l’université. La Suède part donc de l’idée que le lycée doit favoriser les apprentissages, la solidarité, l’ouverture sur le monde et ne pas pousser à la compétition voire au classement des élèves.