Stéphane Granado est conseiller principal d’éducation (CPE) depuis 1997. Il témoigne de son accompagnement d’élèves de nationalité étrangère parfois en difficulté administrative.
Le droit à l’éducation, reconnu par de nombreux traités, devrait être inaliénable et pouvoir s’exercer dans des conditions de vie sereines. Or, une situation administrative irrégulière est source de stress pour les élèves et leurs familles dès lors que plane la menace d’une expulsion.
Pour moi, tout a commencé en 2006 lorsque, par la force des choses et par conviction, j’ai entrepris des démarches pour une mère d’élève chinoise placée en centre de rétention et donc menacée d’expulsion.
À cette occasion, j’ai pu m’appuyer sur le Réseau éducation sans frontières ( RESF ) présent dans les établissements scolaires de toute la France. RESF permet d’éviter des expulsions en manifestant la solidarité de la communauté scolaire vis-à-vis de familles et de jeunes majeurs menacés.
Outre les conseils donnés lors des permanences et les actions de soutien, RESF a initié avec d’autres associations et en lien avec diverses mairies «le parrainage républicain des sans-papiers». Lors de ce parrainage républicain, deux citoyens français (marraine et parrain) s’engagent à accompagner dans ses démarches une famille ou une personne étrangère en situation irrégulière.
UNE LÉGISLATION COMPLEXE
D’autres mouvements et associations peuvent aussi aider et conseiller les sans-papiers, notamment la Cimade ou le Gisti.
Avant d’entreprendre toute démarche pour demander un titre de séjour auprès de la préfecture et pour éviter toute initiative malheureuse, il faut accompagner les sans-papiers à la permanence d’une organisation spécialisée dans le droit des étrangers.
En effet, le Code de l’entrée et du séjour des étrangers et du droit d’asile (Ceseda) est un texte complexe, et très souvent modifié depuis une dizaine d’années.
Sans des conseils avisés, le risque est grand de faire une demande de titre de séjour inadaptée à la situation.
De surcroît, RESF comme la Cimade, entre autres, ont des contacts, voire des rendez-vous réguliers, avec les responsables de la préfecture, une démarche d’autant plus utile que les préfectures ont des pratiques diverses et des interprétations variables de la loi (Ceseda) ou des circulaires assouplissant les critères de régularisation. Ainsi, grâce à l’aide et à l’intervention de la Cimade, une jeune Ivoirienne – que j’ai parrainée – a pu avoir un titre de séjour étudiant.
QUELLES PERSPECTIVES ?
Pour l’instant, le nouveau gouvernement n’a pas évoqué de refonte du Ceseda pour le rendre plus favorable à l’immigration et ne semble pas avoir prévu de régularisation des sans-papiers. Élèves et familles étrangers sans titre de séjour ont donc besoin de notre soutien pour construire leur vie en France.
Contacts et sites utiles pour accompagner des élèves étrangers en situation irrégulière
RESF – Le Réseau Éducation Sans Frontières
http://www.educationsansfrontieres.org
Fondé en juin 2004, le Réseau éducation sans frontières (RESF) réunit des acteurs associatifs, syndicaux, ainsi que d’autres issus de la société civile et du milieu politique. RESF lutte contre l’éloignement d’enfants étrangers scolarisés en France, notamment en organisant de nombreuses campagnes de sensibilisation.
La Cimade
Fondé en 1939, le Comité inter-mouvements auprès des évacués (devenu depuis la Cimade) propose une assistance juridique, sociale et linguistique aux migrants, demandeurs d’asile et réfugiés. Elle gère également des établissements sanitaires et sociaux.
Le Gisti
Le Gisti exerce depuis1972 une veille juridique et analyse toutes les questions liées aux droits à la migration et au séjour, tant en France qu’au niveau européen. Le Gisti édite de nombreux guides juridiques.
France Fraternités
Créée dans le cadre des actions artistiques, culturelles et citoyennes promues par « Fraternité générale ! », mouvement apolitique né à la suite des attentats parisiens de janvier 2015, l’association laïque France Fraternités propose des dispositifs de prévention et de protection destinés aux personnes exclues, discriminées, fragilisées – quels que soient leurs âge, sexe, religion, origine.
Son nom revendique une fraternité plurielle pour répondre à la pluralité des difficultés que rencontrent les plus démunis en matière de santé, d’éducation, de formation, de logement, d’emploi, de culture… «Nous voulons poser les bases d’une véritable fraternitosphère, un courant bienveillant, mais un courant de combat. Un combat contre l’abandon de certains de nos compatriotes, un combat contre le complotisme et le révisionnisme essaimés dans le cerveau de notre jeunesse. Un combat pour l’éducation et pour la transmission des valeurs».
Programme rallié par nombre de partenaires comme l’illustre la variété des ressources publiées en ligne, dont beaucoup sont le fruit d’une collaboration avec d’autres associations. Une attention particulière est portée à la culture citoyenne, avec par exemple la série vidéo consacrée aux valeurs républicaines (liberté, égalité, fraternité, laïcité) commentées par des personnalités issues de la société civile, des mondes politique ou scientifique.
Les problématiques dégagées induisent un découpage par séquence de deux à cinq minutes adapté au travail avec les élèves. Un autre effort pédagogique cible l’éducation aux médias. Ainsi des vidéos Propagande qui décryptent images, affiches, slogans… Cliquer sur le site, c’est l’adopter !