Un métier méconnu de l'Éducation nationale mais non moins important, les professeur·es des disciplines scientifiques peuvent en témoigner : technicienne de laboratoire. Virginie a accepté de répondre à nos questions sur son activité qui ne peut s'exercer qu'en présentiel.
Virginie Pellerin est technicienne de laboratoire au sein du Lycée Jules Ferry à Conflans-Sainte-Honorine, un établissement de 1300 élèves. Chargée de la préparation des travaux pratiques des filières scientifiques, elle participe ainsi aux apprentissages des lycéens. Sans responsabilité face aux élèves, Virginie définit son métier comme étant « l’arrière du décor ».
Je suis chargée de la mise en œuvre de l’ensemble des techniques et méthodes expérimentales liées à la réalisation des travaux pratiques auprès des élèves et des enseignants dans un établissement scolaire du secondaire de la région parisienne.
Étroitement liée à la mission pédagogique des enseignants des disciplines scientifiques, je concours directement à l’accomplissement des missions d’enseignement par la diffusion et la mise en place des pratiques expérimentales liées aux programmes officiels de l’éducation nationale.
Je siège également au conseil d’administration et à la commission hygiène et sécurité de mon établissement. C’est aussi en ce sens que je participe à la qualité de l’accueil et à la sécurité des élèves dans notre établissement et au laboratoire avec l’équipe technique et enseignante.
Comme vous le savez, tous les établissements du secondaire sont actuellement fermés à l’accueil des élèves et des enseignants. Notre mission est dépendante de leur présence et de activités pratiques à mettre en place.
Aujourd’hui notre activité est encore en arrêt, les expérimentations, les épreuves d’évaluation des compétences expérimentales ont été annulées pour cette année.
De par cette situation exceptionnelle, je prends contact avec les collègues et ce depuis le début du confinement. Je tente de répondre le plus justement à leurs interrogations en tenant compte de l’évolution et du suivi de la crise sanitaire.
La suspension des travaux pratiques, la mise à l’arrêt des laboratoires puis finalement la fermeture des établissements scolaires s’est faite très rapidement pour répondre à l’urgence de la situation sanitaire.
Les collègues soucieux de la mise en sécurité de leur laboratoire, des salles de travaux pratiques et des matériels se sont très vite interrogés sur la durée du confinement, le devenir des examens, les conditions de leur reprise.
Il s’en est suivi de nombreuses et nouvelles interrogations comme le maintien du versement des salaires, le suivi des campagnes de mobilité à distance de leur établissement, le devenir des concours, les entretiens professionnels…
Et ce fut à chaque fois en lien direct avec les collègues militants du Sgen-CFDT qui régulièrement informés par le biais des instances qu’ils occupent que nous avons pu retranscrire les difficultés de chacun pour ensuite répondre le plus justement à leurs interrogations…
Dès le lendemain de l’allocution du chef de l’État, j’ai repris mon poste de technicienne comme la plupart des personnels. Dans mon établissement et entre collègues, nous nous interrogions nécessairement sur la future organisation de nos activités car les établissements devaient fermer. Mais qu’en était-il des personnels, devions-nous assurer une présence minimum ? Quelles devenaient nos obligations ?
C’est au fur et à mesure de cette dernière journée, puis du week-end que les annonces et les positionnements des différentes autorités hiérarchiques se sont clairement définis. J’ai finalement appris par ma cheffe d’établissement que notre établissement serait fermé à tous les personnels sans distinction dès le lundi de la semaine du 16 mars .
Compte tenu de l’urgence de la situation sanitaire, je fus plutôt rassurée d’une telle décision. J’ai très vite multiplié les échanges avec les collègues exerçant dans d’autres établissements. À la fois pour m’assurer que nous étions bien tous « logés » à la même enseigne et me montrer rassurante, à l’écoute si des difficultés se présentaient à eux.
J’ai orienté mes principaux échanges auprès de ma responsable de laboratoire sans l’alourdir de trop de questionnements. Car pour les enseignants, la première des difficultés fut de mettre en place l’enseignement exclusivement à distance, une manœuvre très chronophage… Je savais par ailleurs que la mise à l’arrêt du laboratoire ne présentait pas de grosses difficultés de gestion. Je me suis néanmoins assurée par mail de la bonne fermeture et de la mise en sécurité des salles et du laboratoire sur notre département scientifique… jusqu’à notre prochain retour.
Informer, protéger les personnels en conscience de l’évolution de la crise sanitaire, c’est ce que nous faisons en permanence. Et nous pouvons d’ores et déjà tous nous féliciter de la mise en place d’un immense réseau de sentinelles où chaque militant relaie tous les jours les préoccupations, les alertes, les interrogations des personnels pour trouver en retour des informations officielles, des soutiens construits et juridiquement appuyés.
Mon engagement se poursuit auprès des personnels ITRF de l’Académie de Versailles. En tant que militante Sgen-CFDT, je suis régulièrement associée aux travaux de l’observatoire national de sécurité et d’accessibilité des établissements d’enseignement.