Pour le Sgen-CFDT, penser les espaces et les temps de travail des enseignants, c'est tenir compte de la difficulté des conditions de travail et réaffirmer le lien évident entre travail et santé.
Les résultats de l’enquête « Parlons Travail » [1] menée par la CFDT l’attestent : « Être confronté à des objectifs et des cadences inatteignables, à l’impossibilité de pouvoir bien travailler, engendre, surtout si cela est vécu solitairement et sans contestation, des pathologies de surcharge. (…) L’isolement dans le travail accroit l’anxiété et réduit les possibilités d’agir. »
Agir sur le temps de travail et améliorer les espaces de travail
Il convient aussi d’agir sur le temps de travail : l’évolution des pratiques pédagogiques, l’inclusion de tous les élèves et la prise en compte de leurs parcours individuels nécessitent l’implication de tous les personnels dans des temps non institutionnels importants. Tous ces temps de travail doivent être reconnus, y compris le télétravail quand il est possible.
Mais il apparait également indispensable d’améliorer les espaces de travail car le bâti scolaire, bien souvent, correspond à une conception traditionnelle de l’École et de l’enseignement. Ainsi le mobilier ne permet pas facilement d’aménager les classes, les espaces modulables faisant encore figure d’exception en 2018.
Rares sont les établissements et écoles qui ménagent des espaces où les enseignants peuvent se reposer (s’isoler du bruit, notamment) ou mener un travail personnel.
Mais les espaces dédiés au travail en collaboration ne sont pas non plus légion ! Et, souvent, mobilier et matériel sont peu adaptés à la pédagogie différenciée. Aussi, comme le préconise le rapport Klein [2] , l’évolution du bâti scolaire doit être moderne et modulable pour s’adapter à des usages multiples ; sécurisé ; accessible aux personnes à mobilité réduite ; connecté et numérique ; enfin ouvert sur son implantation. • A. C.
[1] In « Rapport de l’enquête sur le travail de la CFDT », p. 32, p. 38
[2] Cité in « L’architecture scolaire en France » (enquête du Cnesco)
Ce qui est demandé pour les professeur·es des écoles
Les évolutions actuelles des pratiques pédagogiques, l’ouverture de l’école aux familles nécessitent de réinventer l’architecture scolaire et l’organisation de l’école. Si le Code de l’éducation encadre le temps de service des enseignants et l’organisation pédagogique, en revanche il revient aux collectivités de penser et financer les évolutions nécessaires en matière de bâti scolaire.
L’école doit s’adapter : proposer des espaces modulaires et connectés, reconnaitre tous les acteurs éducatifs et s’organiser de manière démocratique. Pour cela, il est indispensable de bénéficier de capacités d’organisation locale et de prendre en compte toutes les missions des enseignants.
Dans ce cadre, il est nécessaire de redéfinir les modalités de décompte de service enseignants, puisque les tâches, hors temps de présence des élèves, dépassent largement les 108 heures actuelles. • J.-P. B.
… POUR LES PROFESSEUR·ES EN COLLÈGE
Dans Petite poucette, Michel Serres consacre plusieurs pages à la forme scolaire : « Même disposition au sol, mêmes salles et couloirs : toujours le format inspiré de la page. Comme si la révolution récente, aussi puissante au moins que celles de l’imprimerie et de l’écriture, ne changeait rien au savoir, à la pédagogie, ni à l’espace universitaire lui-même, inventé jadis par et pour le livre. » Il souligne aussi le changement de posture induit pas l’activité numérique de l’élève : « habitué à conduire, son corps ne supportera pas longtemps le siège du passager passif ».
Les enseignants de collège n’ont pas attendu le numérique pour chercher des plans de classe qui favorisent l’activité et les échanges entre élèves, mais ce n’est que très récemment que le mobilier scolaire disponible facilite les changements de configuration. Plus précisément, ce n’est pas seulement l’espace classe qui est remis en question mais toute l’architecture de l’établissement, sous l’impulsion de rêves venus des pays du Nord, ceux qui trustent les premières places des classements internationaux. • G. T.
Cf. Le projet novateur « École pour l’avenir » (Ecla) du collège J.-Ph. Rameau à Champagne-au-Mont-d’Or (69)
Cf. Le dossier Archicl@sse sur le mouvement de création de nouveaux espaces-temps adaptés aux besoins pédagogiques des élèves
… en lycée général et technologique
Avec la lente évolution des pratiques pédagogiques autour de l’accompagnement personnalisé, mais aussi dans les disciplines, le regard sur les espaces (et sur les temps) évoluent. Activités menées en petits groupes, notamment, travaux interdisciplinaires, projets transversaux… engendrent la nécessité de regroupements ponctuels, de tailles variables, dans des modalités de travail collaboratives, pour les élèves comme pour les personnels : disposer de plusieurs tableaux dans les salles, avoir du mobilier modulable et léger, des aménagements phoniques, des connexions de bonne qualité, des équipements numériques…
Des salles « laboratoires » apparaissent un peu partout sur le territoire, permettant des expérimentations porteuses et donnant de la portée aux nouveaux usages, mais les régions et les équipes de direction doivent aller au-delà de cette logique d’affichage de poches d’innovation pour accompagner et soutenir toutes les équipes qui expriment la volonté de modifier la forme scolaire pour la rendre plus conforme à leurs besoins. • N. N.
Pour aller plus loin : Le LP2i crée un FabLab innovant dans sa classe du futur
… en lycée professionnel
Le temps de travail des enseignants des lycées professionnels est organisé selon un rythme hebdomadaire, parfois mal adapté à la pédagogie de l’alternance. En effet, l’alternance entre milieu professionnel et établissement scolaire implique un travail important en équipe pédagogique, d’où la nécessité d’avoir des temps de concertation prévus dans les services. Elle impose également une adaptation aux exigences du milieu professionnel et des entreprises, difficilement conciliable avec des emplois du temps trop rigides.
Ainsi, le Sgen-CFDT revendique une capacité d’organisation collective négociée au niveau de l’établissement et une éventuelle adaptation du temps de face à face pédagogique dans le respect d’une limite maximale hebdomadaire.
Par ailleurs, les espaces de travail doivent eux aussi être mieux adaptés aux impératifs pédagogiques mais également aux besoins des élèves et des personnels. s et les conflits. • B. R.
DANS L’ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR
Le temps de travail annuel des enseignants-chercheurs (EC) est statutairement défini de la manière suivante : un mi-temps d’enseignement de 192 heures équivalent TD (1 h de TD étant valorisée à 4,2 h de travail effectif), et un mi-temps d’activités de recherche, non comptabilisé en heures. Les nombreuses responsabilités collectives liées au métier (pédagogiques, administratives ou scientifiques) peuvent être prises en compte dans le cadre du référentiel des équivalences horaires et donner lieu à une décharge de service ou à une rémunération complémentaire, mais c’est loin d’être toujours le cas.
Le Sgen-CFDT plaide pour une meilleure reconnaissance des missions qui sont insuffisamment valorisées dans l’avancement de carrière. Quant à la question de l’espace de travail, elle est pour sa part peu traitée : de nombreux EC, notamment en sciences humaines, n’en disposent pas vraiment dans leur établissement, ce qui nécessite d’aménager une pièce spécifique chez soi – cout, à l’heure actuelle, ni reconnu ni compensé. • S. B.
Professeurs agrégés (Prag) – Professeurs certifiés affectés dans l’enseignement supérieur (PRCE)
Les charges de service pour un enseignant du second degré affecté dans le supérieur sont de 384 heures annualisées. Elles incluent les travaux dirigés (TD) et les travaux pratiques.
D’autres services peuvent être retenus dans les services d’enseignement effectués comme le tutorat, les visites, les directions de mémoires, les activités de gestion et de coordination pédagogique. L’heure de cours magistral est comptabilisée pour 1 h 30 HTD ; l’heure de travaux dirigés ou travaux pratiques est comptabilisée pour 1 heure HTD dès lors qu’elle est incluse dans leur service. • F. L.
Pour aller plus loin :
- Dossier complet : enseigner, former de la maternelle à l’université