La situation des jeunes habitants dans les territoires ruraux et leurs difficultés pour accéder à une offre culturelle, artistique a été pointée de façon récurrente. Cela s’en ressent sur leur scolarité sur leurs réussites. La réponse du Ministère face à cette situation est la mise en place de TER.
Aujourd’hui, un élève sur 5 vit en territoire rural. Pour ces élèves, souvent éloignés des lieux de culture, l’ambition scolaire se limite aux filières proposés dans la ville la plus proche.
Le Ministère entend donc ouvrir les horizons possibles de ces élèves, ces jeunes. En adaptant le dispositif « cités éducatives » au milieu rural, il propose la mise en place de Territoires Éducatifs Ruraux (TER). Il s’agit en fait d’adapter le dispositif « cité éducative » à la problématique des territoires ruraux mais avec des financements moindres.
Un public cible différent de celui des cités éducatives
Pourtant, la « population scolaire » n’est pas la même puisque les élèves en milieu rural ont globalement des performances scolaires satisfaisantes, au moins jusqu’à la fin du collège. Ce n’est plus le cas par la suite, au lycée, où l’écart devient plus important avec les élèves de milieux urbains ou périurbains.
Plusieurs études, rapports expliquent cela par l’éloignement des formations ou des lieux de poursuites d’études. Ces jeunes se censurent ainsi volontairement souvent pour ne pas quitter leurs proches. Inéluctablement, ils freinent leurs ambitions scolaires ou professionnelles.
Quels territoires concernés ?
Expérimentés sur 23 territoires des Académies de Normandie, Nancy-Metz et Amiens, le dispositif « Territoires Educatifs Ruraux » en concernera 64 à la prochaine rentrée.
En effet, d’autres académies cibles vont rejoindre les académies expérimentales : Dijon, Limoges, Besançon, Clermont, Toulouse, Rennes et Bordeaux.
Comme les cités éducatives, un territoire éducatif rural est constitué d’au moins un collège et des écoles du bassin de recrutement.
Pour y faire quoi ?
Mettre en synergie des alliances éducatives, des coopérations entre les acteurs d’un territoire, telles sont les ambitions de ces territoires éducatifs ruraux.
Il s’agit en effet de construire un projet éducatif ambitieux pour ces jeunes, ces élèves et leurs familles. Pour ce faire, l’État entend contractualiser avec les collectivités territoriales des dits territoires pour financer des actions éducatives.
Avec des acteurs éducatifs locaux à mobiliser
L’un des objectifs est de construire un parcours éducatif, culturel, artistique et sportif pour les jeunes qui concerne aussi bien les temps scolaires, péri et extrascolaires.
Cela doit se faire en adéquation avec les possibilités offertes par les acteurs du territoires.
Si l’ambition est là et que les moyens peuvent être conséquents, un tel projet ne peut voir le jour qu’en mobilisant les acteurs en amont pour rédiger le projet et recenser les possibilités du territoire. Cela n’est envisageable évidemment qu’en associant chaque membre de la communauté éducative.
Et pour le Sgen-CFDT, c’est bien là que le bât blesse
Comme à son habitude et à l’image de ce qui s’est passé pour les cités éducatives, la mise en place se fait sous le mode rouleau compresseur.
En effet, le délai entre l’appel d’offres pour les actions en direction des jeunes et la nécessité d’un retour auprès du Ministère est court, trop court pour que l’ensemble des personnels notamment des écoles et des collèges puissent participer à la concertation.
On assiste donc à une concertation de façade et à des projets de territoires éducatifs qui, au moins la première année, ne reprennent que les activités déjà mises en œuvre.
Un timing pas forcément adéquat pour mobiliser les personnels, les acteurs
Pour le Sgen-CFDT, encore une fois une bonne idée qui aurait pu fédérer les équipes et notamment permettre un dialogue appuyé entre l’école primaire et le collège au-delà de la simple liaison CM2 – sixième est mise à mal par la précipitation politique.
Dans une période où la crise sanitaire occupe tout les esprits, il aurait pu être intéressant de repousser à plus tard cette mise en place.
Sur de nombreux territoires, les équipes doivent rendre leur copie rapidement alors qu’elles avaient sans doute d’autres choses à penser dans une période aussi compliquée.
Cela vient donc encore un peu plus épuiser les personnels qui doivent au local faire fasse à des injonctions hiérarchiques.
Pour le Sgen-CFDT ceci est intolérable car beaucoup se demandent dans un tel contexte où se trouve la priorité.
Encore une fois une mise en place à marche forcée
Sur d’autres territoires, faute de temps, les personnels ne sont même pas sollicités.
Le projet éducatif est donc construit entre la collectivité territoriale et le représentant de l’Etat avec parfois l’IEN de circonscription et le principal du collège de bassin.
Les enseignants aussi bien du premier que du second degré ont donc le sentiment d’un pilotage vertical qui ne vient que répondre à un besoin de communication ministérielle.
Il faut aller vite ! Pratiquer ainsi, c’est aussi oublier que ceux qui vont le mettre en œuvre ne se sentiront pas concernés par un tel projet. Dommage quand on sait quels financements sont dégagés pour ces territoires éducatifs ruraux. Dommage aussi pour les jeunes qui ne pourront pas forcément avoir un dispositif aussi ambitieux qu’il aurait pu être.
Une ambition éducative doit se construire dans la durée
Pour le Sgen-CFDT associer des acteurs de proximité pour construire ensemble des alliances éducatives au bénéfice de le jeunesse est important.
C’est aussi dans ce sens que notre organisation syndicale a signé le manifeste du Mouvement Ambition Education.
Oublier une partie de la communauté éducative pour n’en faire qu’un projet de quelques- uns est inconcevable. Les intentions encore une fois sont bonnes mais la méthode une nouvelle fois désastreuse.
Il faudra d’autre part que ce dispositif s’inscrive dans la durée. En effet, on a trop souvent vu des dispositifs se mettre en place, demander de l’énergie au personnel et être par la suite abandonné du fait d’alternances politiques.