La commission spécialisée transition écologique s'est réunie le 29 janvier pour discuter de l’adaptation du bâti scolaire en lien avec les enjeux de la transition écologique. Les auditions ont mis en exergue l’effet domino du bâti scolaire sur des sujets primordiaux comme la santé des personnels.
La réflexion sur l’adaptation du bâti scolaire au dérèglement climatique permet de soulever de nombreux enjeux liés à la transition écologique. C’est dès maintenant qu’il faut généraliser ces travaux qui nécessitent du temps et des moyens financiers.
Un diagnostic de risque insuffisamment posé
Comment le dérèglement climatique va-t-il impacter notre système éducatif à l’horizon de 10 ans ? Nous avons les moyens de le prévoir pour nos différents territoires. On observe aujourd’hui un réchauffement global de la France qui se manifeste par des canicules et des sécheresses plus longues et plus fréquentes, des nuits tropicales durant lesquelles les températures ne descendent pas. Les températures dans les prochaines années vont atteindre 50 degrés à l’extérieur, à Paris par exemple. Avec ce dérèglement, les cyclones tropicaux vont devenir plus intenses, les tempêtes et les inondations plus fréquentes (y compris par remontée des nappes phréatiques ou par submersion), avec un risque sanitaire lié aux eaux usées. Le réchauffement va également augmenter le risque épidémique, avec l’adaptation à nos latitudes d’espèces porteuses de vecteurs de maladie. Ces risques vont fragiliser les constructions (retrait-gonflement des argiles, fissures…).
Les personnels les plus vulnérables, y compris les plus âgés, comme les plus jeunes élèves seront les plus affectés par ces changements.
Une demande forte de la CFDT : la formation des personnels
Les engagements pris par l’État de formation des agents publics à la transition écologique ne semblent plus à l’ordre du jour. La CFDT déplore ce qui ressemble à un abandon de l’objectif de formation des personnels. Ces formations doivent être adaptées aux spécificités des lieux de travail et accompagner la mise en place d’actions concrètes sur le bâti scolaire en particulier. Elles doivent réunir toutes les catégories de personnels concernés. Certains territoires ont déjà des expériences à partager à ce sujet.
Quelles actions doivent être menées ?
Chaque territoire, chaque région, chaque bâtiment est impacté de manière différente : bâtiments anciens, classés, récents, écologiques… Le diagnostic et les travaux seront donc différents. Il ne faut plus les penser seulement en référence à la production de chaleur mais aussi pour produire du froid l’été. Les bâtiments devront garder la chaleur l’hiver mais l’évacuer l’été, proposer des espaces rafraîchis et avoir des abords végétalisés.
Les régions se heurtent à des procédures lourdes et des moyens financiers insuffisants pour amplifier leur engagement sur le bâti scolaire.
Les représentants des régions auditionnés parlent des travaux de rénovation nécessaires pour la mise en place de panneaux photovoltaïques, mais aussi de la mise en place de thermostats pour une gestion plus fine dans chaque salle, du passage aux leds pour l’éclairage… mais déplorent les procédures lourdes et les coûts élevés pour leurs budgets limités. Les fonds européens ne peuvent pas palier l’assèchement des financements au niveau national. Les communes, intercommunalités et départements sont aussi confrontés à ces enjeux.
Une politique climatique ministérielle s’impose
À ce jour, seuls trois ministères (l’écologie, l’agriculture et l’économie) ont proposé un « plan climat ». C’est ainsi que le ministère de l’agriculture a intégré dans ses objectifs un axe « Enseigner à produire autrement et innover avec la recherche et le développement agricole pour s’adapter et atténuer le changement climatique » et un autre « Développer des pratiques éco-responsables au sein de l’administration », par exemple. Notre commission peut donc jouer un rôle essentiel pour que notre ministère s’engage dans cette voie, en tenant compte des vulnérabilités des personnels, des élèves et de notre système éducatif.
Les enjeux propres à notre ministère sont nombreux
Le bâti scolaire impacte particulièrement le bien-être des acteurs de l’école. Les questions de santé mentale et physique vont prendre plus d’importance, qu’il s’agisse des personnels ou de nos élèves. Au delà des risques d’hyperthermie, il faut aussi penser aux calendriers scolaires, aux examens et périodes de stages, mais aussi aux conditions requises pour les apprentissages, donc revenir sur les horaires de travail quotidiens. Les responsabilités sont multiples : ministère et collectivités territoriales, mais aussi entreprises accueillant des élèves, de transport, etc.
La réglementation doit aussi évoluer : qui est responsable d’interrompre l’activité si les risques sont trop importants ? Qui assumera la responsabilité juridique en cas d’accident ? Comment mettre à l’abri les personnes vulnérables ?
Des questions n’ont pas encore été abordées
La CFDT a posé les questions de la restauration, des mobilités et de la biodiversité, étroitement liées au bâti scolaire, mais n’a pas obtenu de réponse. Les questions de financement restent fondamentales. Avec le Pacte du pouvoir de vivre, nous nous saisissons de ces thématiques dans nos territoires. Nous insisterons à nouveau sur ces questions cruciales lors de prochaines réunions de la commission spécialisée.