La phase de concertation sur la réforme de la voie pro est arrivée à son terme. Lors du Groupe de Travail conclusif du 17 février 2023, des échanges nourris avec la DGER ont eu lieu. L'enseignement agricole n'est pas le cœur de cible de cette réforme car ses acquis sont nombreux.
La TVP, de quoi parle-t-on ?
La TVP commencée en 2018, a été au cœur de discussions intenses au sein du ministère de l’Education nationale mais aussi de l’enseignement agricole (E.A) depuis la dernière rentrée (de septembre 2022 à janvier 2023). Le Président Emmanuel Macron avait appelé le 25 aout 2022, sans discussion préalable avec les personnels, « à une transformation profonde des liens existant entre les lycées professionnels (L.P) et le monde du travail ». Il souhaitait « réarrimer très en profondeur » ces deux univers, d’augmenter « les temps de stage d’au moins 50 % » et enfin de mieux « les rémunérer ».
Un point avait cristallisé le mécontentement de l’ensemble des organisations syndicales, dont le Sgen-CFDT. Celui « d’augmenter de 50 % les périodes de formation en milieu professionnel (P.F.M.P.) en CAP et en Bac Pro ». Lors d’une audience en septembre avec le ministre de l’Agriculture, le Sgen-CFDT avait indiqué que cette mesure posait plus de problèmes qu’elle n’était censée pouvoir en résoudre.
A cette occasion, le ministre de l’Agriculture et de la souveraineté alimentaire, Mr Marc FESNEAU, avait été rassurant. Il avait indiqué que l’EA avait « quelque chose à apporter à l’Education nationale. La spécificité du modèle de l’E.A fait l’objet d’une reconnaissance. La question des stages et de leur durée est à étudier. Dans le domaine, l’E.A sait faire ». Pour le ministre, l’E.A doit « cultiver la différence sans être marginalisé ».
Depuis de très nombreux groupes de travail portant sur la TVP ont eu lieu sous l’autorité de Mme GRANJEAN, ministre déléguée chargée de l’Enseignement et de la Formation professionnels. Qu’en ressort-il ?
Pas d’augmentation de 50% des P.M.F.P. !
Durant ces mois de concertation, le Sgen-CFDT a combattu la logique de transformation de la voie professionnelle scolaire en une structuration calquée sur le modèle de l’apprentissage. Dans ces concertations, l’objectif du Sgen-CFDT était d’écarter toute velléité d’augmenter de 50 % les P.F.M.P. en CAP et en Bac Pro, dans l’E.A comme dans les L.P. De plus, les entreprises de nos secteurs ne sont pas demandeuses. Pour rappel, le Sgen-CFDT revendique une formation qui permet à chacun.e de trouver sa voie grâce à des modalités et pédagogies adaptées où chacun.e se reconnait.
L’augmentation de 50 % des P.F.M.P. n’a obtenu aucun consensus, à aucun moment. Le 27 janvier 2023, la ministre a annoncé qu’elle écartait la généralisation de l’augmentation de 50 % des P.M.F.P.
Ce que veut le Sgen-CFDT pour l’enseignement agricole
Lors de la dernière réunion de concertation (TVP) qui a eu lieu à la DGER, avec Mr Luc MAURER (DGER-adjoint), le 17 février 2023, le Sgen-CFDT a insisté pour :
- remettre la pédagogie au cœur du système. Beaucoup d’enseignant.es aimeraient pouvoir bénéficier en formation initiale ou continue, d’une « vraie » formation pédagogique leur permettant de mieux appréhender les nouveaux référentiels et notamment l’approche par compétences. Certains souhaitent pouvoir « enseigner autrement » et être formés pour.
- que le DGER « calme » le rythme des réformes. Les équipes de direction/ pédagogiques sont épuisées. Il est urgent de cesser d’agir dans l’urgence.
- l’analyse de l’expérience vécue en stage par les apprenants de retour en classe ne va pas toujours de soi. Là aussi, il y a besoin d’appuyer le travail de l’ensemble des équipes concernées. Il convient aussi de former les collègues qui le souhaitent.
- de donner plus de visibilité à certaines filières. Certaines connaissent de gros problèmes de recrutement, notamment la filière agroalimentaire. C’est sur ce dossier prioritaire que le ministère devrait travailler avec la Profession et les acteurs concernés.
- de généraliser l’heure de vie hebdomadaire en classe en donnant plus de moyens.
- d’accorder une heure de première chaire en CAP. La conduite d’une progression pédagogique en CAP demande des compétences pédagogiques robustes au regard du public d’apprenants à suivre. L’excellence pédagogique doit être reconnue au même titre que l’excellence disciplinaire.
- d’appuyer les EPL dans la formation des maitres de stages.
TVP, le mot de la fin
La nécessité d’accompagner les jeunes dans leur parcours de formation dépasse largement la vision qui réduirait la voie pro scolaire à l’apprentissage strict d’un métier. Ces formations doivent être:
- émancipatrices.
- source d’éveil et d’ouverture aux autres et vers le monde.
- favoriser l’insertion professionnelle et citoyenne des jeunes.
- donner des compétences pour réussir leurs projets de vie et de développement personnel.