Depuis la rentrée, le Sgen-CFDT est alerté sur certaines académies autour de la situation des dispositifs ULIS école et Collège. Pour mieux comprendre la situation, il est allé rencontrer des personnels à Rouen le 31 mars dernier pour écouter, échanger, et surtout construire des revendications.
Parler du travail des personnels, voilà l’enjeu de la rencontre que le Sgen-CFDT a réalisée à Rouen le 31 mars dernier, des personnels venus des ULIS des départements de l’Académie de Rouen. Les problèmes sont nombreux et il s’agissait par cette journée de construire des revendications que notre organisation syndicale va porter tant au niveau local qu’au niveau national.
Une augmentation du nombre d’enfants au sein des dispositifs ULIS
Ulis à 13 ou 14 élèves, Coordonnateur.trice au bord de la rupture, enseignant.e.s qui n’ont pas les moyens d’accueillir les élèves porteurs de handicap dans de bonnes conditions, AESH mises à mal, la situation des Ulis est donc très préoccupante.
Dès lors, pas étonnant que la plupart des personnels en question perdent le sens même de leur métier en étant continuellement dans la gestion de l’urgence.
Et, au bout du compte, ce sont bien les enfants qui en pâtissent. En allant à la rencontre des personnels normands, le Sgen-CFDT ainsi prendre la mesure des problématiques rencontrées afin de permettre une inclusion au sein de ces dispositifs la plus bienveillante possible.
Une professionnalité des agents remise en cause
En demandant d’accueillir un treizième voir un quatorzième enfant, l’Administration a mis le doigt dans un engrenage qui vient plus que déstabiliser le travail des personnels et en premier lieu le suivi de l’élève.
En effet, même si les enfants sont parfois en dehors du dispositif car en inclusion en classe « ordinaire », cela demande aux coordonnateurs ULIS, aux enseignants accueillants, aux AESH un travail de concertation important.
Si la norme initiale avait été fixée à 12 élèves par la circulaire N° 2015-129 du 21 août 2015 (ce nombre peut même être inférieur pour les ULIS Collège), c’est bien parce que l’inclusion demande du temps collectif et supplémentaire pour construire un parcours cohérent pour un enfant porteur de handicap qui intègre un tel dispositif.
Dès lors, la professionnalité de chacun est remise en cause et ne permet pas une inclusion de qualité.
Un dispositif ULIS mis en danger
Si l’on ajoute à cela le manque de formation et de reconnaissance, on se retrouve dans une situation qui est explosive au sein des écoles et des établissements du second degré concernés.
Pour les personnels rencontrés à Rouen, les enfants, les personnels n’ont pas à subir les errements de l’administration en matière d’inclusion scolaire : manque d’AESH, problématique de formations des personnels, manque de dispositifs ULIS au sein des académies.
D’autre part, de nombreux enfants qui bénéficient pourtant d’une notification d’orientation en établissements spécialisés (IME notamment) se retrouvent au sein de ces dispositifs faute de place à leur attribuer.
S’il n’est pas question de remettre en cause l’inclusion scolaire, c’est bien la question des moyens et du temps nécessaire qui est posée par l’ensemble des personnes présentes.
Par les décisions prises qui posent la question de la reconnaissance de l’investissement des agents, l’Institution risque de pousser de nombreux professionnels à abandonner une mission qu’ils/elles avaient pourtant choisie.
Un engagement du Sgen-CFDT à porter les revendications des agents
En libérant dans un premier temps la parole des participants à cette journée de formation, le Sgen-CFDT a recueilli de très nombreux témoignages mais aussi poser les bases de revendications.
Si certaines sont à porter localement auprès de la direction académique des départements concernées, d’autres, plus nationales, seront à transmettre auprès du Ministère.
En effet, l’un des enjeux est de cerner si cette situation est locale ou si d’autres académies sont concernés par les mêmes problématiques notamment sur le nombre d’enfants placés au sein des dispositifs.
L’inclusion scolaire est un enjeu sociétal et l’administration doit à ce titre se donner les moyens de ses ambitions comme d’autres pays en Europe l’ont fait par le passé notamment former, dégager du temps et disposer d’équipes pluriprofessionnelles pour prendre en charge la diversité des profils d’enfants à inclure.