Le 08/09/22, le Président de la République a lancé le Conseil national de la refondation (CNR). Réunissant des représentant.es de forces politiques, des partenaires sociaux, des élus locaux, du monde économique et du monde associatif, il se veut inaugurer une nouvelle méthode...
Un CNR, mais avec qui et pour quoi faire ?
Ce premier CNR a pour ambition de travailler à l’instauration d’une nouvelle méthode. Il cherche selon son promoteur à « faire avancer le pays dans un esprit de dialogue et de responsabilités partagées« . Ainsi, « il s’agit de revivifier notre démocratie et faire face à d’immenses défis« .
Parmi les thèmes abordés figurent le plein emploi, l’école, la santé, le bien-vieillir, la souveraineté et la transition écologique. Les membres de ce conseil vont donc travailler sur « les grands enjeux de demain ». Le boycott de certains partis politiques et partenaires sociaux n’augure cependant rien de bon.
Quatre ministères seront directement associés aux travaux sur les thématiques retenues : le ministère de la Transition écologique, le ministère de l’Éducation nationale, le ministère du Travail et de la Santé. Le ministère de l’Agriculture (Masa) n’y participera pas directement. Lors de l’audience du 6 septembre entre le ministre et la CFDT, Marc FESNEAU a hélas confirmé ce point.
Le Sgen-CFDT ne comprend pas les raisons qui ont conduit les organisateurs à ne pas convoquer les responsables de l’enseignement agricole (EA). Notre système de formation et de recherche comme notre ministère sont pourtant au cœur des enjeux précités.
L’enseignement agricole : un pionnier ignoré
L’enseignement agricole est engagé dans de nombreuses actions portant notamment sur l’éducation à l’environnement et au développement durable. L’innovation pédagogique est dans ses gènes. Il a donc beaucoup à dire. Cet engagement n’est pas nouveau. Il date du début des années soixante-dix. L’enseignement agricole a donc été précurseur, notamment en matière d’innovation pédagogique. C’est le premier système de formation en France à avoir inscrit dans ses référentiels:
- la mise en œuvre de l’approche pluridisciplinaire,
- l’approche territoriale,
- des modules d’initiative locale,
- la pédagogie de projet,
- le bien-être animal,
- le développement durable.
En 2022, l’agroécologie, les transitions écologique, énergétique, sanitaire, alimentaire sont plus que jamais au cœur des rénovations des référentiels de formation dans l’enseignement technique (Bac pro, BTSA etc.). En matière « d’école et de pédagogie », l’enseignement agricole peut servir de référence.
Pour le Sgen-CFDT, l’enseignement agricole est une pépite…. méconnue. Il faut donner plus de visibilité à l’EA, sup comme technique. Le CNR aurait pu être un levier pour faire rayonner l’enseignement agricole. Pour le faire connaitre aussi. Une belle occasion manquée.
L’enseignement agricole au cœur des enjeux visés par le CNR
Pour répondre au défi du changement climatique, de la décarbonation de l’économie, l’agriculture française va devoir intensifier son engagement dans des pratiques plus durables. Il va falloir aussi renouveler la génération d’agriculteurs.trices qui part à la retraite.
Pour cela, de nouvelles compétences sont nécessaires dans le domaine des métiers du vivant. Cela touche directement l’enseignement agricole. Désormais et plus que jamais, il faut « former autrement pour produire autrement ». Le défi est considérable. Les pratiques des professionnels du vivant doivent évoluer significativement. Leur formation est la clé du changement. Elle se doit d’être de qualité et innovante, reconnue et portée par la nation.
Pour le Sgen-CFDT, l’enseignement agricole tente de répondre à ces besoins nouveaux et/ou émergents malgré des moyens notoirement insuffisants. Un plan national pluriannuel de transformation lancé en 2020, intitulé « enseigner à produire autrement pour les transitions et l’agroécologie » est en œuvre. Il faut le renforcer, appuyer l’innovation pédagogique, reconnaitre le travail effectué, recruter et mieux rémunérer les agents, dans l’enseignement technique et supérieur. Ce CNR aurait pu être le lieu de l’expression de cette reconnaissance….
Ce que veut le Sgen-CFDT :
Pour le Sgen-CFDT, l’enseignement agricole doit être défendu par notre nouveau ministre. Il doit être représenté, à minima valorisé dans le cadre des travaux du CNR comme au niveau de la grande consultation engagée par le ministre de l’Éducation nationale pour promouvoir la réussite de tous les élèves et lutter contre les inégalités sociales. L’enseignement agricole n’a plus besoin de déclaration d’amour. Désormais il veut des preuves d’amour. Cela passe par plus de visibilité, de reconnaissance et aussi par des espèces plus sonnantes et trébuchantes.