La communication sur le "Pass Sport" fut importante, mais les conditions pour en être bénéficiaire semblent être restées assez floues tant pour le grand public, que pour les établissements scolaires. Le Sgen-CFDT interroge les choix du ministère.
Pass Sport : Une aide ministérielle ciblée
Au printemps, tout le monde a commencé à entendre parler de la mise en place d’un Pass Sport pour favoriser la pratique des activités physiques par les jeunes.
La communication fut importante, mais les conditions pour en être bénéficiaire semblent être restées assez floues tant pour le grand public, que pour les établissements scolaires.
Il est par exemple important de relever que contrairement au Pass Culture, seuls les enfants dont les familles sont allocataires de l’Allocation de rentrée scolaire 2021 et les jeunes âgés de 6 à 18 ans bénéficiaire de l’allocation d’éducation de l’enfant handicapé, peuvent bénéficier du Pass Sport.
Le Sgen-CFDT soutient la volonté d’apporter une aide à celles et ceux qui connaissent des contextes de vie les plus difficiles… Mais des points nous interrogent.
- Tout d’abord l’aide ne se fait pas auprès des associations, mais des particuliers. Un point qui, certes, semble s’inscrire dans une logique d’équité, mais qui déjà questionne les clubs qui craignent d’être des prestataires de service.
- Au niveau de l’Éducation nationale, d’autres points nous interrogent grandement…
Certaines activités physiques plus encouragées que d’autres. Pourquoi ? Pour quelle visée ?
Une fois passé les effets d’annonce, il est intéressant de prendre le temps de fouiller un peu ce que ce Pass Sport permet ou ne permet pas de pratiquer. En effet, toutes les associations proposant des pratiques physiques ne peuvent pas bénéficier de cet apport… Pas d’utilisation possible pour les arts du cirque, les arts martiaux, les majorettes, la Capoeira, la danse (sous certaines conditions). Ainsi, dans l’Oise, seules 14 % des structures proposant la pratique de la danse sont affiliées à la fédération française de danse)… etc.
Il y a donc un vrai choix du ministère des Sports sur les formes de pratiques à encourager.
Et le terme de sport, bien qu’utilisé partout et pour tout, ne répond pas à une pratique physique si « générale » que cela. Elle fait bien référence ici à une définition précise du sport. Selon Wikipédia, le sport moderne se définit par quatre éléments indispensables : la mise en œuvre d’une ou plusieurs qualités physiques , une activité institutionnalisée, ses règles tendent à être identiques pour l’ensemble de la planète ; une pratique majoritairement orientée vers la compétition ; une pratique fédérée (sous la tutelle d’une fédération sportive).
Si le Sgen-CFDT peut se réjouir que certaines familles soient aidées pour payer leur licence de footbal, d’athlétisme ou de basket, nous ne pouvons ignorer ce ciblage très significatif d’une vision de développement des pratiques physiques, notamment envers les publics les plus défavorisés.
Certaines structures plus encouragées que d’autres. Pourquoi ? Pour quelle visée ?
Les enseignant·e·s, voire les équipes de direction, avaient encore en mémoire l’enthousiasme de leur ministre pour encourager la pratique physique en EPS et au sein des associations sportives… Ils ont donc assez rapidement parlé de cette offre à leurs élèves. Rien ne pouvait laisser penser que les associations sportives affiliées à l’UNSS ne seraient pas bénéficiaires de ce Pass Sport.
Or, l’instruction ministérielle du 2 juin 2021, spécifiant les conditions d’attribution du Pass Sport, spécifie bien que « Les associations sportives scolaires relevant de l’USEP, l’UNSS, UGSEL, ne sont pas éligibles aux dispositifs ». Ni les enseignants d’EPS, ni les chefs d’établissement n’en avaient été informés de façon officielle.
D’un autre côté, les enseignant·e·s d’EPS sont sollicité·e·s, par mail cette fois-ci, pour informer directement les familles de la mise en place d’une carte passerelle ». Dispositif permettant de « passer de la pratique du sport en collège avec l’UNSS à celle du sport en club ».
L’école et encore plus les associations sportives sont clairement ici identifiées comme un levier pour renforcer le sport fédéral. Et toutes les communications visant une « nation sportive », et mettant les « champions », et la « compétition », le confirment.
Pour le Sgen-CFDT, il est important de pointer ce phénomène d’assimilation de l’EPS, et des associations sportives scolaires, à la logique sportive fédérale et de haut niveau. Cela n’est pas neutre dans la vision de l’école, dans les intentions éducatives qu’on lui prête, et les moyens qu’on donne à l’EPS et à l’association sportive pour se développer.
Les confusions entre les raisons d’être de l’EPS, de l’Association sportive, des activités physiques hors temps scolaire et du sport de haut niveau, ne pourront que dégrader les conditions d’exercice des différents acteurs.