Le ministre de l’Éducation Nationale développe une politique des standards et de la conformité qui est un déni de la professionnalité des cadres pédagogiques et des enseignant·e·s.
Des déclarations trompeuses
Le 30 septembre 2017, le ministre de l’éducation nationale, JM Blanquer, déclarait : « en arrivant j’ai dit que je ne ferai pas une nouvelle loi, j’ai dit aussi que je ne changerai pas abruptement les programmes parce que je pense qu’il doit y avoir une sagesse dans la continuité des ministres de l’Education nationale… La solution ne viendra pas d’une loi miracle, la solution ne viendra pas d’une baguette magique, elle viendra d’un ensemble de mesures et d’un climat qu’on aura su créer. »
« La confiance, c’est ce qui caractérise les sociétés qui vont bien… Les écoles qui vont bien sont des écoles de la confiance. »
Est-ce vraiment ce qui caractérise le ministère de Jean-Michel Blanquer, l’absence de changement brutal et la confiance qu’il a de ses cadres et de ses enseignant·e·s ?
Pour le changement, le ministre est partout en même temps dans tous les médias, animé d’une frénésie de déclarations qui déroulent ses innombrables mesures successives qui doivent changer l’école, en rupture et non en continuité avec ses prédécesseurs comme il l’affirmait.
La confiance ne s’accorde pas avec la standardisation
Pour la confiance, nous sommes entrés dans une politique de standardisation. Il ne s’agit pas de faire confiance aux professionnels que nous sommes pour prendre des décisions et construire des politiques locales en fonction des situations auxquelles nous sommes confrontés, il est question de modélisations (s’appuyant souvent sur la science, notamment la recherche médicale) : les enseignant·e·s se voient prescrire des actes professionnels et les corps d’encadrement sont chargés de leur mise en œuvre et de leur vérification.
Les enseignant·e·s se voient prescrire des actes professionnels et les corps d’encadrement sont chargés de leur mise en œuvre et de leur vérification.
Les enseignant·e·s deviennent des techniciens, les personnels de direction des opérateurs, les corps d’inspection des contrôleurs de process. C’est le règne de la diffusion de notes de service, de guides, de mémentos, de vademecums, de brochures…
Quelle autonomie pour les cadres pédagogiques ?
Nous attendions de la stabilité et de l’autonomie ainsi que nous l’avait annoncé le ministre, nous sommes submergés par les prescriptions et le déni de notre professionnalité. Il semblerait que la première qualité attendue d’un cadre pour notre ministre soit l’obéissance et non l’initiative.
Il semblerait que la première qualité attendue d’un cadre pour notre ministre soit l’obéissance et non l’initiative.
Ce n’est pas de pragmatisme politique dont il est question mais de dogmatisme. La politique des standards, la culture de la dépendance et de la conformité remplace notre culture professionnelle d’autonomie, d’analyse, de sens critique, d’enthousiasme et de créativité.
Les soutiens de la politique ministérielle
Le ministre n’aurait pas pu avancer si vite, avec aussi peu de concertation, aussi peu d’écoute, aussi peu de place laissée à l’initiative du terrain, communiquant essentiellement par l’intermédiaire des médias, s’il n’avait pas eu le soutien du syndicat majoritaire des personnels de direction. En effet, ce dernier a systématiquement validé toutes ses décisions dans les comités ministériels auxquels il participe à côté de sa fédération.
Le SNPDEN est la seule organisation, avec le Snalc, qui ait validé le détricotage de la réforme du collège, le retour à la semaine de 4 jours, le retour du redoublement, la réforme du bac et du lycée…
Le Sgen-CFDT se prononce pour une autonomie collective qui s’appuie sur la professionnalité des enseignant·e·s et des cadres pédagogiques. Le Sgen-CFDT réaffirme qu’il faut leur faire confiance pour qu’ils puissent être des acteurs responsables des stratégies pédagogiques à mettre en œuvre pour la réussite de tous les élèves.