Analyse du Sgen-CFDT à l’examen des textes de la Direction générale de l'enseignement et de la recherche, portant sur la réforme du tronc commun du bac pro, diplôme emblématique du ministère de l’Agriculture. Ces textes ont reçu un avis positif au conseil national de l'enseignement agricole.
Une réforme du tronc commun marquante
Elle présente des évolutions attendues. Les équipes y voient une possibilité pour surmonter les difficultés actuelles qu’elles rencontrent avec les élèves. L’objectif de cette réforme – et malgré une conduite au pas de charge – vise le renforcement de l’attractivité de ces bacs pros. Les filières pros spécifiques au ministère de l’Agriculture (MAA), adaptées et ancrées sur le terrain représentent une opportunité pour les prochaines campagnes de communication en vue d’un meilleur recrutement. L’ensemble des organisations syndicales a regretté que le toilettage des référentiels des classes de secondes pros passe après la réforme du cycle de première et de terminale.
Dissensus entre organisations syndicales
Des points de crispation ont porté sur :
- le fondement de la réforme du tronc commun,
- la constitution des référentiels en blocs capacitaires,
- la proportion entre ECCF et épreuves terminales,
- la présentation des nouvelles grilles horaires,
- l’utilisation des heures non affectées,
- le contenu restreint des référentiels au profit des futurs documents d’accompagnement.
Une approche capacitaire intégrant les compétences psychosociales
Pour le Sgen-CFDT, les visées capacitaires faisant blocs sont pertinentes, notamment les compétences psychosociales, approuvées par les professionnels. Les intitulés de ces blocs sont cohérents et compris, malgré l’opposition persistante de certaines organisations syndicales. Huit longues séances de travail ont permis de faire évoluer positivement leur écriture (plus de 6 mois de travaux). L’approche capacitaire développée fait écho à celle déjà développée en CAP et en BTS agricoles. Désormais, il y a une plus grande cohérence entre ces formations.
Une coopération renforcée entre disciplines
Le projet offre la possibilité aux équipes enseignantes de mettre en place des coopérations entre disciplines. L’approche pluridisciplinaire imprègne ce référentiel. Le choix malheureux de flécher une partie de la pluridisciplinarité sur le tronc commun a crispé historiquement les relations entre les enseignantes et enseignants des matières techniques et matières générales. Ce point va changer. La pluridisciplinarité telle qu’elle est écrite, est pensée pour permettre des projets transversaux faisant se rencontrer les matières générales et les matières techniques, tout en préparant les capacités des blocs 3 et 4. C’est une façon de donner plus de sens aux apprentissages, de laisser une autonomie dans les établissements, de faire confiance aux équipes tout en confortant les situations de terrain, supports des enseignements professionnels pour répondre aux attendus des professionnels, des territoires et aux aspirations des publics.
Certaines organisations syndicales (OS) ne sont pas favorables à cette autonomie grandissante dans l’utilisation des heures non-affectées, autonomie qui pour elles entraîne une gestion comptable des moyens en DGH. Le Sgen-CFDT ne partage pas cet avis. Même si localement, il existe des pratiques de ce type, elles ne sont pas majoritaires et ne peuvent pas conditionner l’écriture du référentiel. Il faut par contre dénoncer ces pratiques.
Équilibre trouvé entre ECCF et épreuves terminales
Concernant les modes d’évaluations de nombreux débats ont eu lieu sur la proportion entre ECCF et épreuves terminales. Des OS sont favorables à moins d’épreuves terminales et d’autres à plus. L’équilibre trouvé permet de moins disperser les énergies dans des évaluations terminales parfois « trop notionnelles ». Pour le Sgen-CFDT, ces dernières sont de moins en moins en phase avec un type de pédagogie plébiscitée par les apprenants et leur famille. Les évaluations terminales externes qui parfois invitent à une forme de bachotage à l’ancienne sont décriées. La pédagogie de projet pourra être mobilisée et les évaluations seront adaptées.
Ancrocher les apprenants en enseignant autrement
Pour le Sgen-CFDT, la possibilité d’enseigner différemment, d’innover, et l’ancrochage des élèves dans leur formation en sortiront renforcés. Cependant, les OS ont alerté la DGER sur le manque de moyens pour réaliser en toute sécurité, les chantiers dits dangereux, comme ceux du bac pro forêt. Les compromis trouvés vont-ils suffire ? Pour le Sgen-CFDT, cette question de la sécurité est incontournable. Il faut former les encadrants, les jeunes dans ce sens, « quoiqu’il en coute ».
Notions clés, référentiel et document d’accompagnement
Certaines OS ont milité pour ajouter des « notions/thèmes » dans les référentiels. On note l’intégration de quelques notions/thèmes clés sensibles (ex : histoire de l’agriculture). D’autres auront leur place dans les documents d’accompagnement qui ont vocation à évoluer et à vivre. Cette possibilité offerte est un atout pour le Sgen-CFDT. Les enseignements pourront s’ajuster à l’aune de l’expérience. Ce choix ne satisfait pas l’ensemble des OS.
Former, accompagner et suivre les équipes
Tout ceci demande un accompagnement et une formation des équipes enseignantes et des Directrices et Directeurs-adjoints en charge de la pédagogie, permettant de consolider leur approche. Le rythme soutenu des réformes appelle un accompagnement resserré très attendu des équipes. Une note de service sur le plan d’accompagnement et les documents qui vont avec, sont plus qu’attendus. Le Sgen-CFDT regrette la non présentation de ces documents en instance.