Le vendredi 8 novembre, à partir de 16h48, les femmes travailleront gratuitement jusqu’à la fin de l’année. La différence de salaire entre les femmes et les hommes correspond à trente-cinq jours ouvrés sans rémunération.
La journée de l’inégalité salariale ou Unequal Pay Day est le pendant hivernal de l’Equal Pay Day, journée de l’égalité salariale, au printemps. L’Equal Pay Day symbolise le nombre de jours supplémentaires qu’il faut aux femmes pour enfin gagner ce que les hommes avaient déjà gagné à la fin de l’année précédente.
En France, en 2023, il a fallu 57 jours additionnels de travail, ce qui nous a amené·es au 23 mars.
L’Unequal Pay Day, c’est donc le jour à partir duquel les femmes « travaillent gratuitement ». Une façon complémentaire de se représenter ce fameux écart de salaire moyen, soit deux mois pendant lesquels le travail des femmes revient à faire du bénévolat jusqu’à la fin de l’année, comparativement aux hommes.
Nos revendications
La CFDT Education Formation Recherches Publiques revendique de longue date une politique ministérielle d’égalité salariale exigeante qui permette la résorption durable des écarts et qui s’engage à tout mettre en œuvre pour :
- revaloriser les salaires des personnes opérant dans les métiers féminisés (supprimer le « plancher collant »),
- équilibrer les recrutements des femmes et des hommes sur les postes les plus rémunérateurs (supprimer le « plafond de verre »),
- équilibrer l’attribution des heures supplémentaires et de certaines primes ou indemnités individuelles qui creusent les écarts,
- veiller à une articulation entre la vie professionnelle et la vie personnelle sans pénaliser les agent·es qui font des choix familiaux à certains moments,
- faire évoluer les représentations et les habitudes de vie de notre société vers un partage équilibré des activités domestiques et familiales.
Inégalités salariales …
En France, à poste et temps de travail égal, les femmes gagnent 9 % de moins que les hommes.
Tous postes confondus, l’écart salarial est de 16,8 %.
Et plus on s’élève sur l’échelle des salaires, plus les écarts entre femmes et hommes sont grands. Dans ces analyses, tous les postes sont considérés en temps plein. Or, les femmes occupent 85 % des temps partiels.
Et pourtant, elles ont globalement un niveau d’éducation plus élevé (62 % des femmes ont au moins le bac contre 52 % des hommes). Une grande partie des inégalités de genre se logent donc dans ces différences structurelles (Source : Terra Nova, 2021). D’où l’idée d’un Unequal Pay Day ou journée de l’inégalité salariale pour les mettre en lumière.
…dans la Fonction Publique comme ailleurs
« Mais dans la Fonction Publique, cet Unequal Pay Day ne nous concerne pas, me direz-vous, nous avons le point d’indice ! »
Et bien non, le point d’indice ne protège pas les femmes des inégalités salariales, car les inégalités ne viennent pas du point d’indice mais des carrières : temps partiels, retards de carrière, heures supplémentaires, congés parentaux, disponibilités, postes « prestigieux », tous ces éléments sont en défaveur des femmes du point de vue des rémunérations. Les salaires des hommes dans l’enseignement sont ainsi supérieurs de 12% aux salaires des femmes. Tous personnels confondus, l’écart entre hommes et femmes grimpe même à 19,6% dans l’Éducation Nationale (Source: L’état de l’École 2023) ! Le « plafond de verre » existe dans la Fonction Publique comme ailleurs.
De plus, les femmes demeurent sur-représentées dans des métiers mal rémunérés, et mal considérés. C’est le « plancher collant », moins connu que son homologue le « plafond de verre ».
… et inégalités de retraites
Les écarts de pension de retraite entre les femmes et les hommes subsistent dans le secteur public comme dans le secteur privé. Les retraites moyennes des femmes sont égales à un peu plus de la moitié de celles des hommes dans le secteur privé. Dans la fonction publique, elles représentent en moyenne 80 % de celles des hommes (Source : Ined 2021).
REVENDICATION CFDT : Mettre en œuvre le principe de rémunération égale pour un travail légal et revaloriser les métiers féminisés dont les compétences convoquées sont considérées comme un prolongement des dispositions propres au femmes et non des compétences professionnelles nécessaires à l’exercice du métier. Nous revendiquons une analyse fine des activités professionnelles et des compétences convoquées afin qu’elles soient prise en compte dans la rémunération.
Le travail domestique, un travail gratuit
La majorité des tâches domestiques et la charge mentale inhérente à l’organisation de la vie domestique pèse encore très largement sur les femmes avec des conséquence directes sur leur vie professionnelle, ce travail n’étant pas rémunéré. Cela participe au fait que les conjoints puissent déployer leur potentiel professionnel, tandis que leur conjointe gère la majorité du travail domestique, les conduisant de fait à opter pour un temps partiel ou à refuser certaines missions qui leur permettrait d’améliorer leur rémunération..
En effet, contrairement aux idées reçues, les inégalités de répartition entre les deux sexes ne se réduisent que très lentement. La comparaison des données avec une étude réalisée par l’IFOP montre que la proportion d’hommes n’effectuant aucune tâche n’a quasiment pas bougé en une quinzaine d’années.
La CFDT lutte contre les stéréotypes qui enferment les femmes et les hommes dans des taches assignées. Cela commence par l’éducation ; l’École doit être le lieu privilégié pour construire des représentations justes sur les femmes et les hommes et faire évoluer les regards.
Par ailleurs, nous demandons que les employeurs informent les agentes et agents demandant un temps partiel des conséquences sur la rémunération et le calcul de la pension de retraite.