Rencontre avec Emmanuelle Avril, professeure d’université à la Sorbonne Nouvelle et candidate Sgen-CFDT au comité technique de son établissement.
Pourquoi as-tu accepté de figurer sur la liste Sgen-CFDT du comité technique de ton établissement ?
Je participe à cette instance depuis la création des comités techniques paritaires en 2008, devenus ensuite comités techniques. Même si un renouvellement de la composition des CT est nécessaire et même vital, il est important que le CT de la Sorbonne Nouvelle puisse aussi conserver une mémoire vivante en son sein.
La section locale a considéré qu’il était opportun qu’une enseignante-chercheuse (EC) se constitue tête de liste pour ces élections, à la fois en raison du poids électoral des EC pour notre syndicat et pour refléter la féminisation des personnels de notre université (dont 63% sont des femmes). J’ai accepté volontiers car mon intérêt pour le travail de cette instance souvent mal connue de mes collègues EC ne fléchit pas avec les années.
Quelles sont les valeurs que tu as envie de mettre en avant ?
La raison majeure qui m’a poussée à choisir le Sgen-CFDT est le fait qu’il s’agit d’un syndicat général au sein duquel tous les corps de métiers sont représentés. La parité, la lutte contre toutes les formes de discrimination, et le souci que chacun·e puisse travailler dans de bonnes conditions et obtenir une juste reconnaissance dans l’accomplissement de ses missions sont des valeurs que j’ai à cœur de défendre pour tous les personnels.
S’approprier un projet collectif.
Comme dans toute organisation, seul un degré suffisant de sécurité dans le travail et de reconnaissance des compétences de chacun·e permettra aux personnels de l’ESR de s’investir dans des projets innovants et expérimentaux ambitieux susceptibles de renouveler les pratiques. Cette évolution ne peut s’imposer de manière dirigiste. Pour que les personnels puissent s’approprier un projet collectif, ils doivent avoir réellement pu contribuer à son élaboration et participer à sa mise en œuvre dans un climat de confiance – ce dont on est hélas encore loin.
Comment vois-tu ton engagement en tant qu’enseignante-chercheuse ?
La participation des EC aux CT est essentielle dans un contexte où les changements édictés par les tutelles, la pénurie de moyens et l’atmosphère d’urgence permanente ont tendance à provoquer une posture de repli défensif où chaque catégorie cherche à se protéger, ce qui peut parfois créer des tensions dans l’exercice quotidien de leurs missions respectives.
La participation au travail du CT permet aux EC et aux BIATSS d’acquérir une vue d’ensemble du fonctionnement de l’université et de comprendre à quel point leurs intérêts convergent. Cette vision d’ensemble est particulièrement importante pour les EC qui ont tendance à penser que le CT concerne surtout les personnels BIATSS alors qu’ils sont eux-mêmes de plus en plus impliqués dans des tâches administratives qui nécessitent une connaissance fine du fonctionnement de leur établissement.
Qu’est-ce qui te semble important pour ton établissement ?
La priorité absolue à mes yeux est la réduction de la précarité, pour toutes les catégories de personnels, et la garantie de leur sécurité, y compris psychologique, dans l’exercice de leurs missions. Or les enquêtes locales sur les risques psycho-sociaux ont fait apparaître une situation de harcèlement que l’on pourrait qualifier de structurel lié à l’impossibilité pour beaucoup d’assurer leurs missions dans des conditions acceptables pour eux.
Réduire la précarité et assurer la sécurité des agents dans l’exercice de leurs missions.
Ces problèmes, qui découlent pour la plupart d’un contexte de restrictions budgétaires, sont aggravés par le flou quant à l’avenir de la Sorbonne Nouvelle au sein de la COMUE USPC (Université Sorbonne Paris Cité) et, encore plus concrètement, par l’imminence du déménagement dans de nouveaux locaux (à Campus Nation), qui ne manquera pas d’avoir un fort impact sur l’organisation du travail.
Pour les personnels, cela induit une grande difficulté à se projeter dans l’avenir, même à court terme, ce qui est très anxiogène. D’où l’importance cruciale du CT comme espace de dialogue social et d’élaboration d’un projet collectif auquel la communauté puisse adhérer pleinement.