L'analyse du Sgen-CFDT sur les vacances apprenantes, le dispositif 2S2C, l'école ouverte.
Rendez-vous multiples
La dernière semaine a été riche en rendez-vous pour le Sgen-CFDT qui a pu, à son initiative, porter ses remarques concernant différents volets issus de la prolifique boîte à dispositif ministérielle :
- devant la mission flash pilotée par les députés F. CORMIER BOULIGEON et HELEN DESCAMPS sur le dispositif 2S2C (sport, santé, culture, civisme ),
- dans le cadre d’un entretien avec le cabinet de Jean-Michel Blanquer concernant la campagne de labellisation des colos apprenantes et un soutien spécifique aux accueils de loisirs.
Dispositif « Sport-Santé-Culture-Civisme » – 2S2C –
Concernant le dispositif 2S2C, le Sgen-CFDT a pu rappeler à la mission parlementaire :
- son intérêt pour le développement d’une offre alternative, pour répondre à des questions de capacités d’accueil, dans une logique d’urgence un vrai soucis d’opérationnalité pour la mise en place,
- ses réserves concernant la mise en place du dispositif de manière descendante, a contrario de la capacité des acteurs locaux, dont les services jeunesse et sport, à développer des partenariats ascendants.
- l’inquiétude légitime des équipes enseignantes, notamment en EPS et pratiques artistiques, par exemple en découvrant la priorisation des créneaux d’équipements pour le 2S2C au lieu de leurs enseignements,
- des questions sur la gouvernance avec notamment la proposition de mise en place d’un conseil local des sports alors que la gouvernance du sport, notamment avec la création de l’agence nationale du sport est en pleine redéfinition.
Vacances apprenantes
Concernant les vacances apprenantes, nous devons à nouveau déplorer la précipitation. Alors que beaucoup de dispositifs avaient été prévus pour le comité interministériel du tourisme, un lobbying de dernière minute avait exclu différentes annonces concernant les séjours de vacances. Les organisateurs de séjours, dans l’attente du protocole sanitaire et sans visibilité ont commencé à annuler des séjours.
Cette situation d’attente des protocoles et des différents programmes d’aides, pour répondre à cette situation d’urgence, a créé une situation de très forte pression dans les services en charge de la jeunesse et des sports.
On rajoute de l’urgence à l’urgence…
Cette pression, que le Sgen-CFDT a exprimé lors du CTM jeunesse et sports consacré au décret sur le SNU, place les agents des services départementaux Jeunesse et Sports dans une situation où on leur demande de se mobiliser sur le déploiement des missions d’intérêt général du SNU alors qu’ils sont extrêmement sollicités pour expliciter un protocole changeant, accompagner les acteurs locaux… On rajoute de l’urgence à l’urgence.
Cette urgence se traduit maintenant par le déploiement du programme vacances apprenantes, en partie inclus dans le programme quartier d’été porté par le CGET, en partie par l’éducation nationale, en partie par les services jeunesse et sports, et d’autres acteurs de la cohésion sociale (ASE notamment) et la culture.
Inquiétudes légitimes
Lors de l’entretien avec le cabinet de M.Blanquer, plusieurs points ont été remontés :
- la question de l’articulation opérationnelle entre les services de l’éducation nationale et les services départementaux en charge de la jeunesse et des sports ou de la politique de la ville,
- concernant l’« école ouverte », le constat de la très grande fatigue des équipes et le rappel concernant le recours au volontariat des équipes,
- des difficultés constatées aussi dans les établissements suite aux annulations des voyages scolaires du printemps (dans le relationnel avec les familles mais aussi d’un point de vue financier).
Quel pilotage ?
Toute une offre de séjours, issue des grands opérateurs nationaux (PEP, UCPA …), labellisée de manière expresse…
La labellisation prévue pour les séjours de vacances pose une vraie question… L’initiative de la plateforme nationale est intéressante, opérationnelle et permet la constitution d’une offre conséquente permettant aux collectivités d’orienter les enfants, notamment issus des quartiers prioritaires. On constate toutefois que toute une offre de séjours, issue des grands opérateurs nationaux (PEP, UCPA …) a été labellisée de manière expresse dans la foulée de la sortie du cahier des charges. Cet empressement a créé un certain malaise chez les acteurs locaux (rappelons le dans une situation de profonde inquiétude sur la tenue des séjours) notamment concernant le degré d’exigence des modalités pour que ces vacances soient « apprenantes ».
Même interrogation de la part des services jeunesse des DDCS : comment accompagner un organisateur local à élaborer sa proposition de séjour apprenant quand en même temps des séjours « catalogues » sont labellisés en masse ?
Vise-t-on la qualité ? La quantité ? La survie des acteurs ?
Cette absence d’orientations qualitatives se traduit notamment sur le volet de l’aide spécifique aux accueils de loisirs. Si cette mesure est saluée, elle interroge toutefois la surcharge des services départementaux qui vont devoir instruire au plus vite des demandes d’aides (plusieurs centaines de demandes par département) mais aussi sur la philosophie : essaye-t-on de s’assurer le maintien / la survie d’une offre de loisirs éducatifs sur tout le territoire ou est-on dans un soutien économique, par exemple aux collectivités locales ?
Au vu des coûts exposés actuellement par les opérateurs l’aide ne contribuera que minoritairement au surcoût. Dans ce contexte vise-t-on la qualité ? La quantité ? La survie des acteurs ?
L’absence d’une orientation politique se fait cruellement sentir…
L’absence d’une orientation politique se fait cruellement sentir, d’autant plus que le pilotage et la gouvernance sont lacunaires. En effet, si on prévoit un comité de labellisation, il faut aussi penser à toutes les autres instances qui sont prévues (GAD, VVV, cité éducative, contrats territoriaux jeunesse …). Globalement, on craint surtout que tout cela se déploie en tuyaux d’orgues dans une grande déperdition d’énergie.
Les différents dispositifs, pensés dans l’urgence, apparaissent pour le Sgen-CFDT nécessiter un effort important de cohérence. Cette cohérence ne se traduit pas à notre sens uniquement par un logo, une labellisation et des plateformes internet.
Elle se traduit par une recherche de mise en cohérence partenariale sur un territoire en utilisant notamment le PEDT, comprenant temps scolaire, périscolaire et extra scolaire et intégrant le secondaire, l’enseignement artistique et culturel, les actions lectures …
Ces dispositifs interpellent toutefois par l’aspect massif des moyens dégagés et l’urgence généralisée dans leur mise en place, a contrario de la nécessaire sérénité pour la construction des partenariats éducatifs locaux.