Valoriser la voie professionnelle devrait être une priorité pour notre institution. Face aux difficultés à recruter dans certains secteurs professionnels, à la mauvaise image dont pâtissent certaines filières, et à une orientation souvent subit, le Sgen-CFDT se veut force de propositions.
Pour le Sgen-CFDT, le Lycée Professionnel n’est pas une voie de relégation. Cet article propose quelques pistes pour valoriser la voie professionnelle.
Une image négative qui n’aide pas à valoriser la voie professionnelle
En fin de collège, une orientation s’amorce vers trois voies hiérarchisées avec pour principal critère les résultats scolaires. La voie professionnelle n’échappe pas à cette règle qui renvoie à des phénomènes de socialisation. Cela accroit son rang de voie de relégation.
L’orientation en L.P. se fait alors par défaut et de manière très genrée. Les élèves accueillis sont très souvent en difficultés. Les professeurs de lycée professionnel prennent en charge des élèves « abîmés », à qui il faut redonner confiance. Retrouver une estime de soi est la base pour rentrer dans les apprentissages. La classe de seconde CAP et de bac pro est largement consacrée à rassurer ces élèves.
Pour le Sgen-CFDT, il faut rompre avec cette image négative de la voie pro qui accueille pourtant un tiers des élèves en fin de collège. Le processus d’orientation doit se traiter très tôt dans la scolarité, dès le collège, par une prise en charge pluri-professionnelle. Les professeurs de lycée professionnel pourraient jouer un rôle d’ambassadeur du lycée pro dans la promotion et la valorisation des réussites permises par cette voie.
Pour le Sgen-CFDT, les collègues qui s’engageraient dans cette mission devraient être reconnus par une I.M.P., pour sensibiliser sur les parcours professionnels, rencontrer les équipes de collège, les jeunes et leur famille.
La T.V.P., une fausse bonne réponse
Face aux fausses représentations et aux idées préconçues qui fondent trop souvent l’orientation dans notre système éducatif, la réponse proposée par la T.V.P. avec la famille de métiers s’avère pour le moment une fausse bonne idée, imparfaite et insuffisante.
La famille de métier en 2nde bac pro vise à une orientation progressive et réfléchie, par l’approche commune de la culture professionnelle, des compétences de métiers ou d’un secteur professionnel. Pour l’administration, c’est aussi un moyen de sécuriser les parcours des élèves et d’éviter les décrochages.
Imparfaite car même si on comprend la logique des familles de métier, la réalité révèle de nombreux inconvénients et déconvenues.
- Des familles de métiers incohérentes
- Une logistique difficile à mettre en place
- Du temps encore perdu pour rentrer dans l’apprentissage des gestes métiers
- Des élèves démotivés, frustrés, d’avoir des enseignements qui ne les intéressent pas ou trop éloignés de leur projet initial
- Des personnels insatisfaits de l’organisation nécessaire au survol de plusieurs métiers
- Une concurrence entre spécialités pour conserver les élèves
- Une orientation biaisée par le nombre de place dans les sections
- La faible mobilité des élèves qui empêche ou limite les possibilités d’orientation
Insuffisante, parce que cette orientation intervient trop tardivement alors que dans le même temps la 3ème prépa métier en collège pourrait être considérée à la fois comme trop précoce et trop discriminante. La volonté d’introduire une 1/2 journée hebdomadaire d’orientation à partir de la 5ème de collège est probablement l’occasion de poser la question des partenariats collège /LP et les possibilités d’intervention des PLP.
Pour le Sgen-CFDT, il est temps de donner aux personnels les conditions suffisantes pour permettre l’individualisation du parcours des élèves dans un cadre collectif. Interroger la pertinence et la faisabilité d’une famille de métiers devrait être une décision locale.
Valoriser la voie professionnelle par une orientation progressive
Le Sgen-CFDT demande de revoir la cohérence de certaines familles de métier et de redonner sens et continuité avec les spécialités proposées dans l’établissement. La concurrence entre les différentes filières détériore les ambiances de travail. La construction d’une orientation progressive dans une perspective de continuum bac-3/bac+3 doit avant toute chose questionner sa faisabilité.
L’accompagnement d’un jeune pose la question de la construction d’un parcours différencié et sécurisé. Les dispositifs de CAP 3 ans ou les certifications complémentaires qui prolongent un diplôme (M.C., F.C.I.L., titre du ministère du travail, CAP 1 an) en lien avec le contexte local sont soumis à des lourdeurs administratives qui découragent les équipes dans leurs mises en place.
Le Sgen-CFDT revendique de simplifier les démarches pour ne pas laisser un jeune sans solution. Il faut sécuriser l’insertion professionnelle des élèves, en particulier celle des mineurs.
Pour certains élèves mineurs ou trop jeunes pour s’insérer, la seule solution reste la poursuite d’étude vers un hypothétique B.T.S.
Malgré les heures réservées aux modules d’accompagnement personnalisé, d’insertion ou de poursuite d’étude, la transition vers les B.T.S. s’avère difficile. Les équipes enseignantes témoignent d’étudiants inadaptés à la poursuite des études, manquant de prérequis et parfois mal orientés. Dans le même temps, les enseignants de S.T.S. ne sont pas préparés à recevoir un tel public souvent inadapté aux exigences de la formation. Pourtant, les chiffres montrent une demande forte des élèves de bac pro pour retarder leur insertion professionnelle.
Pour le Sgen-CFDT, il faut garantir des paliers courts et accessibles aux élèves de la voie pro. Les professeurs de la voie professionnelle devraient pouvoir prendre toute leur place dans la construction de ces parcours adaptés et sécurisés.