La responsable administrative du service général de l’action culturelle et de l’animation du campus de l’université Paris Nanterre nous reçoit pour évoquer la vie d’un grand campus francilien. Marlène Diot-Spitz est également militante Sgen-CFDT et élue Biatss CFVU. Rencontre
Un lieu de vie qui répond aux besoins des étudiant·es
Tout d’abord il faut savoir que le Campus de Nanterre, avec une soixantaine d’associations étudiantes (pour celles qui sont référencées) est foisonnant d’activités et qu’il se veut ouvert à l’ensemble de son territoire, dont la ville de Nanterre et ses habitant.es. Un campus aujourd’hui est avant tout un lieu de vie qui répond au besoin d’offrir aux étudiant.es des possibilités qui vont au-delà des missions liées à l’enseignement et à la recherche.
Fédérer une communauté et construire du vivre ensemble
L’ensemble des projets permet de fédérer une communauté et de construire du vivre ensemble. C’est du moins le principal de nos objectifs et il est largement partagé par les étudiant.es et leurs associations.
Aussi notre service d’action culturelle est relativement conséquent quand on le compare à d’autres universités. Avec 8 postes 1/2, tenus par des personnels titulaires, contractuels et en apprentissage. S’y ajoutent des vacations étudiantes et des stages en renfort pour l’organisation de projets ambitieux.
Les activités du service se répartissent en deux pôles bien définis : l’action culturelle et l’animation du campus avec et pour les étudiants.
L’action culturelle
L’action culturelle à proprement parler permet de construire une offre importante. Soit une dizaine d’ateliers de pratiques artistiques encadrés par des professionnels, une belle programmation de concerts, festival de théâtre, séances de cinéma, expositions tout au long de l’année et une politique tarifaire particulièrement intéressante pour notre communauté universitaire mais aussi les habitant.es. Nous rendons possible un parcours du spectateur qui associe des temps de pratiques ou de rencontres à des temps de spectacles.
Trop peu d’accès à la culture et ses pratiques
Une de nos missions est donc de permettre aux étudiant.es d’aujourd’hui de devenir les spectateurs de demain. Étonnamment ou non, les jeunes francilien.nes arrivent souvent à l’université en n’ayant eu que très peu d’accès à la culture et à ses pratiques.
L’animation du campus et la maison de l’étudiant
Le second pôle autour duquel s’articulent nos activités est l’animation du campus avec et pour les étudiant.es. Cette mission a vu le jour en 2013, elle se développe essentiellement autour de la Maison de l’étudiant inaugurée en 2011 et qui abrite quelques unes des associations référencées. Il s’agit donc d’une mission nouvelle et en cours de construction.
Nous mettons tout en œuvre pour accompagner les projets des étudiant.es en leur offrant une véritable logistique et la possibilité de travailler avec des professionnels. Tous ces projets, qui sont nombreux, peuvent être liés à l’humanitaire, à la citoyenneté, à la pratique du sport, à l’intégration, à la réussite scolaire et étudiante…
Dans le cadre d’un partenariat avec la Région Île de France depuis 2012, nous avons bénéficié du détachement d’un poste de médiateur qui a suivi et conseillé une cinquantaine de projets par an. À partir de ce moment nous avons pu nous engager dans une véritable pré-professionnalisation des étudiant.es menant à bien des projets.
Financièrement, c’est le fonds de solidarité et de développement des initiatives étudiantes qui permet cet accompagnement. Prenons l’exemple des Marmites Artistiques, un festival annuel ambitieux, lieu d’ouverture et de partage qui sollicite l’intervention de nombreuses équipes : Patrimoine, sécurité… Et qui nécessite une logistique complexe associant la Ville de Nanterre.
Une pré-professionnalisation des étudiant·es engagé·es dans les projets
Notre service intervient en soutien et permet de donner un cadre à l’ensemble. À noter que l’édition 2017 de ce festival les 5, 6 et 7 avril prochains aura pour thème : le campus comme à la maison ! Tout un programme qui en dit long sur les besoins des étudiant.es et ce que nous essayons de construire. Ateliers plastiques, battle, danse, expositions, concerts mais aussi bien vivre au campus !
La ville de Nanterre elle-même est très proactive et partenaire des projets. Lorsque ceux-ci arrivent en commission au niveau de la mairie, les différents acteurs ont une parfaite visibilité de ce qui est proposé car ils ont participé à des échanges en amont dans nos propres commissions d’aide aux projets. Nous pourrions aussi citer le festival étudiant des arts de la scène : Nanterre sur scène, organisé depuis 7 ans par mon service et qui a acquis une certaine renommée au niveau national.
Nous élaborons des propositions communes avec le CROUS. C’est le cas avec Univerciné qui se tient dans un des foyers de la résidence universitaire. C’est le cas aussi de la Bibliothèque libre participative du campus. Les événements de la vie de campus sont accompagnés d’un soutien en restauration grâce aux services du CROUS. Il faut préciser que plus de 1200 étudiant.es sont logé.es sur le campus : nous avons donc à cœur d’organiser une offre de proximité afin de prévenir l’isolement des étudiant.es.
ORGANISER UNE OFFRE DE PROXIMITÉ ET PRÉVENIR L’ISOLEMENT DES ÉTUDIANT.ES
Du côté de la communauté d’établissements Paris Lumières, c’est plus compliqué. Les campus des deux universités (Paris 8 et Paris Nanterre) sont éloignés, il faut compter environ 45’ de trajet… La question de l’accessibilité se pose pour nos départements de petite couronne, le dernier RER est à minuit et demie, ce n’est pas tout à fait le cas à Paris. Néanmoins des contacts se prennent, nous avons par exemple un projet de résidence Danse et langue des signes associant danse et situation de handicap pour lequel des enseignants-chercheurs de Paris 8 nous ont aidé à diffuser l’information auprès de filières d’interprétariat en langue des signes.
Les différents campus échangent régulièrement au niveau national avec des rencontres qui facilitent la circulation des idées et des projets. L’association Art Universités et Culture – A+U+C a vu le jour dans les années 90 et permet ces échanges.
QUE CHACUN.E PUISSE TROUVER SA PLACE, S’EXPRIMER ET SORTIR DE L’ANONYMAT
Il est important que les étudiant.es puissent s’exprimer et construire. Surtout à Nanterre ! Il y a une forme de fierté du passé militant. L’histoire de Nanterre est revendiquée. C’est sans doute un des nombreux éléments qui expliquent le foisonnement des activités et des envies.
Phar Ouest, Mag’éclairant
Nous contribuons à fédérer ces envies et nous aidons à rendre possibles tous ces projets qui rendent le campus si vivant. Nous permettons aussi une bonne articulation de l’expression étudiante grâce à des newletters régulières (la Lettre d’Actu des Assos). Les étudiant.es produisent également le tout récent Phare Ouest, le Mag’éclairant de Nanterre U (à prix libre). La CoopCampus, autre exemple, est un lieu de vie qui s’inscrit dans l’économie sociale et solidaire. La Maison de l’étudiant est une forme d’agora…
Notre service propose aussi aux associations constituées ou en devenir des temps de formation sur les conduites à risque. Nous avons pu générer un groupe de travail avec les associations sur la consommation d’alcool dans le cadre de spectacles et concerts, il y a un vrai travail de concertation. Il est surtout important que chacun.e puisse trouver sa place et s’exprimer, sortir de l’anonymat.
Envie d’être utile ? Accompagne un jeune 2 heures par semaine
32 000 étudiant.es avec des besoins qui en effet sont liés à la nécessité de construire du lien social pour demain. Envie d’être utile ? Accompagne un jeune 2 heures par semaine. Tel est l’un des slogans de l’AFEV, réseau d’étudiants solidaires dans les quartiers populaires et qui a son bureau ici à la Maison de l’étudiant.
Les agents eux aussi se mobilisent pour les activités du campus. C’est le cas avec les concerts de l’orchestre. Nous réfléchissons aussi à des formes de spectacle de rue, de courts formats qui puissent toucher sur le temps de midi celles et ceux qui ne peuvent rester le soir tardivement. On œuvre au quotidien pour un campus où chacun.e puisse se sentir comme à la maison.