Le premier ministre et la ministre de l'Éducation nationale ont organisé un webinaire auprès des personnels de direction, pour parler d'une même voix.
Déclaration liminaire du Sgen-CFDT à ce webinaire PERDIR
Madame la Ministre, Monsieur le Premier Ministre
Cet exercice que nous renouvelons à présent de manière régulière et qui vous permet de nous livrer en direct l’essence de votre projet pour le collège, s’il montre l’intérêt que vous portez à notre profession, ne nous empêchera pas de vous livrer de nouveau notre opposition à la modalité pédagogique des groupes de niveau, antinomique avec les valeurs que porte notre organisation syndicale.
Car je vais bien évidemment centrer mon intervention sur les groupes de niveau en mathématiques et en français, comme vous venez de le faire de manière appuyée.
Monsieur le Premier Ministre, dès les premières annonces sur cette modalité en décembre — alors que vous étiez encore à la tête de notre ministère de l’Éducation nationale — le Sgen-CFDT, par la voix de notre secrétaire générale Catherine Nave-Bekhti en CSAMEN, ou par celle des représentants des personnels de direction du Sgen-CFDT en séance avec vous, vous en a donné sa lecture les limites de ses effets sur les élèves et sur les collectifs de travail notamment.
Aujourd’hui, c’est à notre ministre que nous souhaitons nous adresser. Madame la ministre, la mobilisation de toutes les professions est forte et un peu partout dans le pays pour vous inviter à reconsidérer votre projet pour le collège, mais peut-être plus largement pour la jeunesse en général.
Lors de notre dernière audience avec vous, nous vous avons réitéré notre opposition à nous imposer d’enfermer nos ingénieries pédagogiques dans un modèle unique imaginé depuis la rue de Grenelle.
Si vous avez introduit de la souplesse dans l’organisation en invoquant l’autonomie des EPLE, cette dernière est bien ténue et réaffirme un principe de séparation des élèves dans deux disciplines majeures qui occupent 35 % de leur temps scolaire.
Or, nous réaffirmons ici qu’enfermer les élèves dans des groupes homogènes disconvient au Code de l’éducation, prônant l’hétérogénéité – ciment de la pédagogie – et d’autant plus à l’heure d’une école plus inclusive, que nous appelons toutes et tous de nos vœux.
Vous avez cité Jean ZAY, et c’est bien en pensant à lui que nous réaffirmons ceci.
Faites-nous confiance
Les experts pédagogiques au sein de nos équipes, pilotées de concert avec les corps d’inspection, le savent bien. Trouver les meilleures solutions d’organisation en fonction des réalités locales est notre quotidien. Aussi, la confiance doit être de mise et non la dictée de méthodes imposées qui viennent fracasser l’accompagnement de parcours d’élèves dont les besoins sont multiples.
Les familles et les élèves, comme les personnels qui sont souvent leurs interlocuteurs, ont besoin de savoir que chacune et chacun pourra évoluer dans des groupes classes et y trouver les ressources nécessaires à leur progression sans distinction. Pour l’estime de soi et le bien-être à l’école que vous avez évoqué et auxquels nous vous savons être attachée, il ne peut en être autrement. Idem, plus globalement, pour préserver des climats sereins au sein de nos établissements scolaires.
Nos établissements ont davantage besoin de personnels formés et en nombre suffisant pour accompagner la jeunesse de notre pays et former les citoyens de demain :
- des équipes de direction complètes, des enseignants, des CPE, des personnels de vie scolaires, des AESH, des personnels de santé, sociaux, des psy-EN, bref de toutes celles et ceux qui concourent à permettre la réussite de tous les élèves qui nous sont confiés et seront, je le redis, les citoyens éclairés de demain,
- de leur permettre d’intégrer les enseignements, mais également les valeurs de la République, à travers notamment la fraternité qu’ils éprouvent dans les collectifs que forment les classes.
Souhaitant, madame la ministre, par ce message, que la dernière digue que les personnels de direction représentent soit entendue.