Les personnels de direction du Sgen-CFDT ont été reçus par le ministre le mardi 6 février 2018 au sujet de la réforme du baccalauréat.
Ils ont rappelé que la réforme du bac était indissociable d'une réforme du lycée.
En introduction, la situation du lycée Gallieni de Toulouse a été évoquée par notre délégation.
"Monsieur le ministre, vous le savez, c’est au sein des établissements que se mettent en place les réformes et les personnels de direction sont sans doute les personnels sur qui reposent les plus grandes responsabilités. Le remplacement du proviseur Jean-Louis Becker, ne doit pas être interprété comme le limogeage d’un chef d’établissement responsable d’une situation qui dépasse largement l’enceinte de l’établissement qu’il dirigeait. C’est parce qu’ils sont exposés dans l’accomplissement de leurs missions qu’ils ont besoin d’être soutenus de façon indéfectible par leur hiérarchie.
1. La réforme du bac et celle du lycée sont indissociables, elles doivent s’inscrire dans la continuité du plan étudiants et donc dans une meilleure préparation des lycéens aux études supérieures.
Les personnels de direction du Sgen-CFDT portent, par leur appartenance au Sgen-CFDT, syndicat inter catégoriel, une vison globale et systémique de l’école.
C’est l’intérêt et la réussite de chaque élève qui guide notre engagement syndical, pas une préoccupation catégorielle.
2. Nous militons pour un lycée polyvalent et diversifié qui accueille, comme cela se fait dans les lycée du ministère de l’agriculture, des formations générales et professionnelle, sous statut scolaire, sous statut d’apprentissage et même des formations professionnelles pour adultes.
Des arbitrages semblent déjà être rendus pour l’apprentissage et la voie professionnelle, cependant nous souhaiterions que dans les établissements où il existe une mixité des formations, cette mixité puisse se poursuivre afin maintenir aux élèves les passerelles qui doivent exister entre les différentes formations.
3. Nous souhaitons un Bac qui soit le plus modulaire possible et qui soit le plus certificatif possible. Les élèves doivent acquérir des connaissances et des compétences pour poursuivre leurs études dans l’enseignement supérieur, c’est en les certifiant (ou en les validant) qu’on les préparera le mieux.
C’est pourquoi nous sommes opposés à la compensation entre les matières.
De même l’évaluation de la philosophie à l’écrit, après seulement une année d’apprentissage ne nous semble pas opportun. (D’autant plus que la philosophie est la discipline qui connait l’écart de notation le plus important de toutes les disciplines enseignées au lycée.)
Le grand oral, s’il se rapproche d’une soutenance de projet tel qu’il se pratique dans les séries technologiques nous semble une bonne proposition. On pourrait imaginer un TPE sur les 2 années du cycle terminal qui se concrétise par une soutenance (Individuelle ou en groupe).
4. Il n’y a donc pas d’opposition fondamentale sur la proposition de 4 épreuves terminales. Notre prudence va sur l’évaluation en contrôle continu des matières qui ne feront pas partie des épreuves écrites de l’examen.
Nous sommes persuadés qu’il ne faut pas dissocier l’acte pédagogique de l’évaluation. Enseigner c’est penser également l’évaluation et les différents types d’évaluation (sommatives, formatives…) Nous devons faire confiance aux enseignants. L’évaluation est l’affaire des enseignants, pas celle des personnels de direction. C’est pourquoi nous ne sommes pas favorables à l’organisation d’épreuves anonymées et corrigées par des professeurs extérieurs à l’équipe pédagogique de l’élève.
Un cadrage national peut être proposé au travers de grilles d’évaluation, pas de sujets nationaux qui mettraient les établissements en situation d’examen de façon répétée.
Nous sommes prudents sur les modalités d’évaluation des élèves et nous proposons la constitution d’un groupe de travail, avec les corps d’inspection notamment, pour définir l’évaluation la plus pertinente au lycée. (Il ne faut pas que chaque note donnée compte pour le bac, comme il ne faut pas recréer une succession d’examens (type bacs blancs ou bacs bleus) qui remettrait le bachotage à l’ordre du jour.
Les travaux de la DGESCO sur l’évaluation des élèves (2015) pourraient fort judicieusement servir de base de travail à ce « GT évaluation ».
5. Les suppléments au bac tels qu’ils sont proposés nous semblent intéressants pour prendre en compte les responsabilités exercées par certains élèves et qui pourront éclairer la candidature à une formation supérieure. Pour cela il est indispensable de privilégier les compétences acquises et mise en œuvre au sein des lycées (Fonctions électives, CA, délégué, CVL, maison des lycéens, AS, projet avec des associations, liaison avec des entreprises, initiatives pour l’orientation, immersions à l’université et restitution…)
6. Un bac plus modulaire, donc un lycée plus modulaire.
La suppression des filières nous semble indispensable pour sortir d’une logique tubulaire et permettre aux élèves de construire leurs parcours.
Les séries technologiques ont vocation (en dehors de quelques spécificités) ont également vocation à fusionner. Le choix de majeures technologiques donnera la tonalité du Bac.
Donc nous appuyons un choix de majeures et de mineurs comme le propose le rapport de Pierre Mathiot, tout en étant prudent sur « l’émiettage disciplinaire ». Il faut garder des horaires significatif aux enseignements choisis par les élèves afin que les parcours choisis aient du sens et préparent réellement à l’enseignement supérieur.
Si des couplages de majeures/mineures sont définies au niveau national, il nous semble indispensable de laisser aux équipes la possibilité de proposer à leurs élèves des couplages d’initiative locale qui prenne en compte la réalité de l’établissement. (Ses labos, ses plateaux, ses salles, ses ressources humines, son projet d’établissement, ses priorités…)
Il est question d’autonomie pédagogique en confirmant le rôle du conseil pédagogique.
7. L’organisation en semestre nous semble une organisation pertinente dans ce contexte de choix des élèves et de construction de parcours. Cette organisation en semestres est un élément supplémentaire de préparation à l’enseignement supérieur.
L’organisation en semestre pourrait également permettre entre les deux semestres d’organiser dans les établissements une semaine de l’orientation, de la validation des acquis des élèves, de l’organisation des conseils de classe…
Les personnels de direction du Sgen-CFDT ne pensent pas que cela soit une tâche insurmontable que de proposer des emplois du temps différents d’un semestre à l’autre. (En respectant les vœux des enseignants et la fourchette horaire proposée par Pierre Mathiot).
Il convient néanmoins de prendre en compte leurs conditions de travail et leur permettre d’avoir des conditions d’exercice correctes (secrétariat, IMP, formation…)
8. La liaison collège – lycée, tests à l'entrée en 2nde.
De même que le supérieur doit se nourrir des compétences acquises ou non au lycée pour proposer des parcours adaptés, les enseignants au lycée doivent s’appuyer sur le LSU du collège pour adapter leur enseignement et proposer un Accompagnement Pédagogique adapté. (AP)
Pour nous, ce ne sont pas les tests d’entrée en 2nde qui doivent déterminer l’AP mais bien liaison entre les cycles et la connaissance que les enseignants du lycée doivent avoir du collège.
Si vous maintenez ces tests à l’entrée en 2nde, nous vous demandons de bien vouloir inciter tous les enseignants à s’approprier le LSU et à en faire le support de l’organisation de l’AP au lycée.