Après les annonces sur la voie professionnelle, les personnels sont en attente de précision. Gratification des stagiaires, apprentissage, carte des formations, liens avec les entreprises... Le Sgen-CFDT demande qu'une concertation soit engagée rapidement.
Annonces sur la voie professionnelle : et ensuite ?
Le 7 mars 2022, le candidat Emmanuel Macron présentait son programme pour l’enseignement. Il a évoqué « une réforme d’ampleur des lycées professionnels, sur un modèle proche de celui de l’apprentissage ».
Réélu Président de la République, il nomme Carole Grandjean « ministre déléguée chargée de l’Enseignement et de la Formation professionnels » le 4 juillet 2022.
Depuis, seul un webinaire pour les personnels de direction le 30 août, s’est tenu. Mais aucune autre information n’a été donnée sur les modalités de concertation et de mise en œuvre de la réforme de la voie professionnelle.
Annonces sur la voie professionnelle du candidat Macron
- La rémunération des lycéens professionnels « en s’inspirant de ce que nous avons réussi sur l’apprentissage ». Cette rémunération du temps en entreprise se ferait sur financement de l’État.
- Un partenariat beaucoup plus étroit avec les entreprises et les lycées professionnels.
- La refonte de l’offre de formation assurant que « on laisse vivre trop de filières où il n’y a quasiment pas de débouchés » et «nous formons des gens qui ne correspondent pas aux besoins du marché du travail»
- La création « d’un outil de gestion des compétences qui sonne la fin de l’hégémonie des diplômes ».
- La généralisation des filières en alternance à tous les lycées professionnels.
Annoncer des mesures sans un minimum de réponses sur la mise en œuvre crée un climat néfaste
Le Sgen-CFDT rencontre la ministre déléguée
Le 19 juillet 2022, Catherine Nave-Bekhti, Secrétaire Générale du Sgen-CFDT et Jean Luc Evrard, secrétaire fédéral, ont rencontré la ministre déléguée à l’enseignement et à la formation professionnels et son directeur de cabinet.
Lors de cette première rencontre, ils ont présenté les attentes du Sgen-CFDT et nos propositions pour améliorer les conditions de travail des personnels qui exercent dans la voie professionnelle. Ils ont aussi abordé l’amélioration des conditions d’études et de formation des élèves.
Deux boussoles indissociables pour nous :
– améliorer les conditions de travail, les rémunérations et redonner du sens au travail pour les personnels,
– rendre le système d’éducation et de formation plus démocratique et à même de réduire les inégalités, de permette l’émancipation.
Nouvelles annonces du Président Macron
Le 25 août 2022, le Président appelle à une « transformation profonde » : il veut « réarrimer très en profondeur et en amont le lycée professionnel avec le monde du travail », développer « les temps de stage d’au moins 50 % » et mieux les rémunérer, recruter davantage de professeurs issus du monde professionnel, etc. Il souhaite s’appuyer sur « ce que l’on a réussi à faire à travers la réforme de l’apprentissage », qui a vu le nombre d’apprentis fortement augmenter.
Comment ? Quelles conséquences pour le statut des PLP ? À quelle échéance ? Quelles conséquences sur les ressources humaines ? Quelle autonomie ? Celle des Chefs ? Celle des établissements ? Quels espaces de dialogue et de décision ? Quelle faisabilité pour sa mise en œuvre ? Quid des enseignements disciplinaires en collège ? Dans quelles conditions ? Quid de la prise en compte de ces apprenants dans nos effectifs ? Quelle rémunération pérenne pour les collègues ?
Au 06 septembre, aucun élément de réponse…
Conférence de presse de rentrée du Sgen-CFDT
Manifestement, les annonces pour la voie professionnelle ont été arrêtées pendant l’été sans que le dialogue social, ni même le dialogue citoyen pourtant annoncé n’aient eu lieu. Le Sgen-CFDT attend non seulement des clarifications mais surtout du dialogue. Les problématiques urgentes sont les suivantes :
- mener une étude sérieuse sur la voie professionnelle pour lever les inquiétudes,
- conforter les LP et les SEP ainsi que les personnels qui y exercent,
- résoudre des tensions fortes sur les conditions de travail des agents (Cf. déclaration au CTMEN),
- reconnaitre l’ingénierie pédagogique et de formation,
- placer les employeurs devant leurs responsabilités sociales : lutte contre les discriminations, qualité de l’accueil des stagiaires en PFMP et des apprentis, reconnaissance du rôle des salariés maître d’apprentissage ou tuteurs de stage, inscription dans une logique de formation qui n’est pas que formation à des gestes professionnels,
- soutenir la pédagogie de l’alternance,
- articuler la complémentarité entre les enseignements généraux, les enseignements professionnels et la formation en situation de travail
- viser tout autant l’insertion professionnelle que la poursuite d’études, la reprise d’études et la dynamique globale de formation tout au long de la vie.
Les métiers de demain ne sont pas tous connus tant les transitions sont importantes dans notre économie et dans notre société. Les compétences transversales qu’acquièrent les élèves et les apprentis sont décisives. Le gouvernement actuel envisage de réformer la réforme du gouvernement précédent. C’est un aveu d’échec relatif dont les personnels ne peuvent être tenus pour responsables. Dans les premiers échanges avec le ministre et avec la ministre déléguée nous avons aussi décrit les écueils liés à la mixité des publics et au développement de l’apprentissage. Il faut y travailler de près pour améliorer tout à la fois la formation des jeunes et les conditions d’exercice des personnels qui exercent dans la voie professionnelle.