La réforme du baccalauréat général s’enlise entre difficultés, confusions et énième modification. Imposée aux personnels à marche forcée, elle n’est en réalité toujours pas installée trois ans plus tard : et maintenant, on fait quoi ?
Un bilan très peu satisfaisant pour les personnels
Le Sgen-CFDT a mené une enquête en juin 2022 auprès de ses adhérents. Sans surprise, les personnels sortent épuisés de ces années de réforme. Il ont le sentiment légitime d’avoir été malmenés et mal accompagnés.
Pour le Sgen-CFDT, il ressort de ce bilan deux priorités :
- Repenser et donner sens et enjeu aux épreuves de spécialité situées au mois de mars dans le calendrier
- Transformer le dernier trimestre de l’année de terminale. Cette période doit devenir un véritable temps de préparation au Grand Oral et au post-bac, qui sont étroitement liés.
Épreuves de spécialité au Bac, quels enjeux ?
Les épreuves écrites sont quasiment l’unique boussole du système éducatif français. Elles sont censées garantir l’égalité républicaine car anonymes, récapitulatives, et nationales. Pourtant, le bilan de ces trois dernière sessions démontre leur fragilité dans la nouvelle architecture du baccalauréat. La crise sanitaire a entraîné leur suppression en 2020 et et 2021 en raison.
Puis la session 2022 a soulevé des problèmes liés intrinsèquement à la réforme. En effet, il y a eu une modification tardive du calendrier des Épreuves de Spécialités (EDS) déplacées de mars à mai.
Puis il a fallu constater la complexité d’une passation sur deux jours (avec 2 sujets distincts). Et enfin les objectifs flous, les incompréhensions et les dysfonctionnements d’une harmonisation de masse entre les notes. L’ensemble interroge sérieusement sur le côté réellement juste ou équitable de ces épreuves.
La canicule du mois de juin, est venue enfin rappeler que toutes les régions ou tous les établissements (et donc tous les élèves) ne sont pas dans des conditions équivalentes pour passer ces examens…
Pour le Sgen-CFDT il est peut-être enfin temps de dépasser l’attachement sentimental à ces épreuves. Le débat doit enfin porter sur leur nature et leur rôle dans le parcours des élèves plutôt que sur leur place dans le calendrier de l’année.
En effet, c’est le sens, le rôle et l’objectif de ces épreuves qu’il est urgent de clarifier. Placer les épreuves en mars, en mai ou en juin pose des problèmes (différents), et de fait en change la fonction.
Des épreuves intermédiaires en mars pour faire sens ?
Certains points demeurent confus dans l’architecture du bac général.
On demande aux élèves de colorer leur parcours avec deux spécialités de 6h hebdomadaire en terminale. Mais on leur demande aussi une épreuve bilan en mars sur la moitié de l’année.
Cette organisation est difficilement compréhensible car le découpage des programmes de la voie générale est annuel.
Il pourrait être judicieux, de s’inspirer de la voie technologique et construire les programmes du cycle terminal (classes de première et de terminale) sur 3 semestres. Ils formeraient ainsi un ensemble cohérent évaluable par une épreuve en mars de l’année de terminale.
Or aujourd’hui, les allègements actés sur les parties de programme non exigibles pour les épreuves de mars, sont des mesures mal pensées puisque faites dans l’urgence, à cause de la crise sanitaire essentiellement.
Vouloir objectiver les orientations dans Parcoursup avec des épreuves sur le modèle et les attendus d’épreuves de fin d’année ne peut qu’augmenter la pression sur les élèves et leurs enseignants.
Pour le Sgen-CFDT, il est temps de sortir des faux-semblants et d’accepter de faire des choix en acceptant aussi les inconvénients induits.
Accepter que des épreuves intermédiaires, adaptées, plus courtes issues par exemple de banques nationales de sujets plutôt qu’identiques pour tous servent d’indicateurs, cadrés et utiles pour les filières du supérieur, pourrait avoir du sens pour le parcours des élèves.
L’enjeu majeur n’est plus l’obtention du bac, qui restera une formalité obligatoire pour entrer dans le supérieur. C’est l’identification de compétences et de connaissances indispensables pour prolonger les études d’élèves dont c’est la vocation.
Le bac général débouche quasi systématiquement sur des études longues. La redéfinition des épreuves de mars est fondamentale si on souhaite qu’elles puissent être exploitées par les filières du supérieur afin d’accueillir au mieux les bacheliers.
Accompagner enfin le parcours des élèves vers le bac +3 ?
Pour le Sgen-CFDT, le maintien d’épreuves intermédiaires en mars pose la question de l’utilisation du dernier trimestre dans l’accompagnement vers le supérieur.
Selon les choix d’orientation, les priorités ne sont pas les mêmes pour les élèves. La poursuite de l’enseignement en spécialité sur cette dernière période devrait reposer sur des modalités d’organisation plus souples. Elle pourrait être plus orientée sur les méthodes : autonomie, travail de recherche, maitrise de contenus, poursuite du travail sur l’oral…
La préparation du grand oral doit rester une composante importante d’approfondissement et d’appropriation des contenus des spécialités. Pour cela une évolution de la grille d’évaluation du grand oral est souhaitable pour renforcer les aspects de contenus.
Le Sgen-CFDT continue par ailleurs de réclamer la suppression dans Parcoursup des renseignements sur l’établissement d’origine des candidat·es.
Pour les autres niveaux, un accompagnement renforcé des parcours pendant la période des épreuves de spécialité pourrait permettre un choix plus éclairé en matière d’orientation, que ce soit en classe de Seconde ou de Première. Semaines de l’orientation, stages, remédiation, tutorat… pourraient prendre place à cette période, sur des temps prévus et organisés à l’avance. Un temps ainsi mis à profit pour tou·tes les élèves.
La réforme n’a pas tenu les promesses d’un meilleur accompagnement des élèves. Les heures d’AP ne sont plus financées au cycle terminal, les modalités du conseil de classe sont inadaptées… Il est temps de faire évoluer les choses sur ces sujets également.
Pour le Sgen-CFDT il faut réformer la réforme. Chacun.e doit pouvoir avoir confiance dans le système éducatif et dans les principes guidant les parcours des élèves du bac-3 au bac +3.
Ces transformations seront portées par le Sgen-CFDT auprès du comité de suivi de la réforme pour la session du bac 2024.
Mais pour la session 2023, le Sgen-CFDT demande que les aménagements précédents issus de la crise sanitaire soient reconduits : choix de sujets, allégements de programmes, temps pour les corrections… Le ministère doit dès maintenant faire des annonces dans ce sens.