Dans certaines académies, des personnels risquent d'être désignés par leur chef d'établissement pour enseigner les Gestes Qui Sauvent...
Certaines académies ont décidé d’imposer aux infirmiers et aux CPE de collège (un par établissement) de se former au PSC1 (Prévention et secours civiques de niveau 1). La prise de conscience qu’il manque à notre société une culture de la sécurité et la reconnaissance du PSC1 comme compétence du socle commun pour les élèves expliquent certainement cette systématisation.
A priori, on pourrait facilement se féliciter d’une telle décision et même s’étonner que cela n’ait pas été fait plus tôt.
Des textes publiés à point nommé
Cependant, cette décision soulève bien des problèmes et la méthode est inappropriée !
Les textes actuellement en vigueur prévoient que la formation au PSC1 est dispensée et validée par un formateur en prévention et secours civiques à jour de sa formation continue, inscrit sur la liste des formateurs académiques ou issu d’un organisme habilité ou agréé par le Ministère chargé de l’Intérieur.
Les élèves de 3ème doivent avoir le PSC1, mais, dans un texte récent, le Ministère prévoit une « période de transition » avant d’atteindre cet objectif : pour le moins, tous les élèves devront suivre l’enseignement aux gestes qui sauvent. Or, le Ministère de l’Intérieur a prévu que tout personnel à jour de son PSC1 peut être formateur des Gestes Qui Sauvent.
A titre indicatif, la formation aux Gestes Qui Sauvent dure deux heures durant lesquelles certains gestes sont enseignés (la position latérale de sécurité, le massage cardiaque et les arrêts des hémorragies, … )
Se former puis …
Ainsi, les personnels nouvellement formés au PSC1 pourront enseigner les « Gestes Qui Sauvent » aux élèves.
En acceptant une formation gratifiante et citoyenne, les collègues CPE et Infirmiers risquent de se retrouver dans l’obligation morale d’enseigner les « Gestes Qui Sauvent » sur leur temps de travail.
Il leur sera difficile d’argumenter qu’ils refusent de former les élèves alors que les images des attentats sont toujours présentes dans les esprits, si ce n’est la douleur dans les corps et les cœurs. Cependant, porter secours n’est pas qu’une question de formation, il faut aussi se sentir en capacité de le faire.
Nous déplorons que faute d’organiser correctement les choses, l’administration s’assoit sur les précautions qui prévalaient jusqu’à présent. Ainsi, toute personne qui accepte de se former doit pouvoir indiquer qu’elle se sent dans l’incapacité de devenir formatrice à son tour. Nous vous proposons un modèle de lettre pour vous faciliter une telle démarche.
Une solution existe pourtant
Il y a actuellement suffisamment de moniteurs de secourisme à l’Education Nationale pour dispenser des formations aux « Gestes Qui Sauvent » à tous les élèves de 3ème, mais cela aurait un coût horaire que l’éducation nationale ne souhaite apparemment pas assumer. En effet, actuellement, l’enseignement du PSC1 est rémunéré en HSE pour les enseignants, et pris sur le temps de travail pour les infirmiers.ères et CPE qui ne peuvent pas toucher d’HSE.
Ainsi, s’appuyer sur les infirmiers.ères et les CPE pour les formations aux gestes qui sauvent va alourdir encore la charge de travail de ces personnels, sans compensation financière ni réorganisation cohérente de leur charge de travail, et permettra de se passer (et de payer en HSE) des enseignants volontaires formateurs PSC1 pour le faire.
Pour le Sgen-CFDT, il est inacceptable d’inscrire d’office des personnels à ces formations sans leur en indiquer clairement les enjeux.
Le Sgen-CFDT revendique :
- le recueil de l’accord des personnels et une information sur ce à quoi les engage la formation au PSC1 comme préalable à leur inscription,
- une rémunération de l’animation des formations dispensées aux élèves calquée sur celle des enseignants,
- une réorganisation claire de la charge de travail des personnels à qui cette mission de formation aux Gestes Qui Sauvent s’ajoute.
Téléchargez et partagez notre tract : « CPE, infirmiers, les nouveaux sauveteurs… »