Le Cniré propose un texte de synthèse de ses derniers travaux présentant 42 propositions en matière d'innovation, de l'échelle de l'établissement, jusqu'à l'échelle nationale. Le Sgen-CFDT s'appuie sur cette synthèse pour questionner l'innovation entre projet et dispositifs...
Synthèse des travaux du Cniré 2014-2016 : Pour une école innovante.
Organisation des travaux du Conseil National de l’innovation pour la réussite éducative (Cniré)
Le Centre National de l’innovation pour la réussite éducative (Cniré) a été installé par V. Peillon en 2013, il fait appel à l’expertise de plusieurs ministères. Les travaux présentés dans la synthèse sont organisés autour de :
Trois Fabriques
- Coopération
- Langue orale
- Parcours
Deux ateliers qui proposent une vision de l’élève dans et hors de l’école.
- Éducation et territoire
- Vie de l’élève
Ces cinq espaces de réflexion sont traversés par trois axes :
- le numérique,
- la réforme,
- la formation professionnelle.
Le rapport avance 42 propositions autour de ces thèmes, propositions étayées par de nombreux exemples de terrain et études, en distinguant les mesures relevant du niveau de l’établissement, de la région du national et des partenaires.
Le Sgen-CFDT interroge l’innovation
Innover, selon le Larousse, c’est « Introduire quelque chose de nouveau pour remplacer quelque chose d’ancien ». Toute proposition mérite ainsi de se questionner : pourquoi se lancer dans l’innovation? (Quels dysfonctionnements, ou apports scientifiques, philosophiques etc. susciteraient cette mise en mouvement?). Il nous semble important au Sgen-CFDT de bien définir le pourquoi de ces principes, et de le redéfinir, comme le propose le rapport, à chaque échelon de décision, du national au local.
Innover au sein de différents écosystèmes… : classe, établissement
Dépasser l’effet de mode
Il ne s’agit pas de prôner l’innovation comme effet de mode, et nous pouvons par ailleurs constater dans ce rapport, que les propositions ne renvoient pas réellement à des « choses nouvelles » en pédagogie… Voire qu’il s’agirait parfois de remettre en avant des choses anciennes…
Distinguer les principes qui ont amené une démarche de projet, le projet local et le dispositif
Différencier le projet du principe qui le sous-tend
Si l’on tend à généraliser des innovations, il nous semble important de bien différencier, le projet, du principe que le sous-tend.
Un projet (qui peut se concrétiser en dispositif), est une adaptation locale pour répondre à une problématique bien définie. Le transformer en dispositif « innovant », imposé à tous, risquerait de faire oublier la démarche de projet (diagnostique, problématique, ressources, échéancier… évaluation) qui en fait sa raison d’être.
Mettre en évidence les principes qui portent les projets
Par contre, mettre en évidence les principes qui portent les projets, et qui semblent pouvoir répondre à des enjeux généraux de l’école, au regard de valeurs identifiées, nous paraît être une démarche constructive.
Encourager l’innovation serait dans ce cas, non pas promouvoir des projets, afin de tenter de les reproduire dans des dispositifs, mais permettre à chaque établissement, équipe, de questionner les principes de ces projets dits « innovants », et de leur offrir les conditions propices à une mise en projet locale pour répondre de façon innovante aux besoins de leurs élèves.
L’innovation est devenu une nouvelle manière d’entrer dans un processus de développement professionnel continu et durable
Le rapport prend en compte ces dimensions et précise : « il ne sert à rien de préconiser sans se préoccuper des conditions du changement et de transformation durable dans le système lui-même. Dans l’innovation, il y a une composante temporelle essentielle, c’est-à-dire une nécessaire ingénierie du changement inscrite dans une durée suffisante. L’innovation se joue à l’échelle d’une classe, d’une équipe, d’un établissement. Et si l’on veut qu’elle se développe, elle doit aussi porter sur l’écosystème des enseignants en osant des interrogations et des expérimentations structurelles et systémiques. (…) L’innovation est devenu une nouvelle manière d’entrer dans un processus de développement professionnel continu et durable ».
Des propositions qui viennent renforcer certains axes de réflexion du Sgen-CFDT
Le climat scolaire et les espaces de travail pour se sentir mieux, mieux apprendre, mieux s’impliquer….
- Un travail sur la prise en compte de l’estime de soi, la préconisation de temps forts de partage, de valorisation, la mise en place d’espaces où l’on s’intéresse à la parole de l’élève.
- Un travail sur l’architecture des établissements, la possibilité d’ouverture pour l’accès aux ressources, la possibilité de varier les cadres temporels des cours, ainsi que de temps et d’espaces pour les équipes.
Le travail collectif pour mieux apprendre, travailler ensemble, vivre ensemble…
- Un travail sur l’importance du collectif adultes et élèves, l’encouragement à la présence de défis collectifs plutôt que compétitifs, à la pratique de débats philosophiques.
- Un travail sur les stratégies d’entraide, de tutorat, d’écoute active.
- Une organisation plus favorable aux classes multi-âge, à la co-intervention, aux partages et aux mutualisations.
- Un travail spécifique sur la parole de l’élève, l’oral.
- Un travail pour favoriser la mise en place des parcours de l’élève.
Gouvernance, partenaire et formation pour favoriser la démarche de projet, les initiatives, et l’accompagnement de tous.
- Un travail sur la gouvernance unique pour l’école du socle, avec une collaboration des corps d’inspection, sur le partage de compétences 1er et 2d degré, sur la nécessité d’un regard croisé de tous les personnels sur les élèves, sur des coordinations tournantes pour certaines missions.
- Un travail sur la formation initiale : connaissance du système éducatif, apports de la psycho pédagogie, connaissance des métiers, etc… Et sur l’accompagnement des nouveaux enseignants.
- Un travail conséquent avec les familles, et les partenaires de l’école.
Pour aller plus loin :